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加缪《局外人》法语朗读版

法语君 法语世界 2022-03-19


1942年。加缪出版了小说《局外人》,一举成名。1954年,缪朗亲自朗读了《局外人》全书,在电台播出。这部小说很适合法语初学者学习阅读。

Chapitre 3


En me réveillant, j'ai comprispourquoi mon patron avait l'air mécontent quand je lui ai demandé mes deuxjours de congé : c'est aujourd'hui samedi. Je l'avais pour ainsi dire oublié,mais en me levant, cette idée m'est venue. Mon patron, tout naturellement, apensé que j'aurais ainsi quatre jours de vacances avec mon dimanche et cela nepouvait pas lui faire plaisir. Mais d'une part, ce n'est pas de ma faute si ona enterré maman hier au lieu d'aujourd'hui et d'autre part, j'aurais eu monsamedi et mon dimanche de toute façon. Bien entendu, cela ne m'empêche pas decomprendre tout de même mon patron.

 

J'ai eu de la peine àme lever parce que j'étais fatigué de ma journée d'hier. Pendant que je merasais, je me suis demandé ce que j'allais faire et j'ai décidé d'aller mebaigner. J'ai pris le tram pour aller à l'établissement de bains du port. Là,j'ai plongé dans la passe. Il y avait beaucoup de jeunes gens. J'ai retrouvédans l'eau Marie Gardona, une ancienne dactylo de mon bureau dont j'avais euenvie à l'époque. Elle aussi, je crois. Mais elle est partie peu après et nousn'avons pas eu le temps. Je l'ai aidée à monter sur une bouée et, dans cemouvement, j'ai effleuré ses seins. J'étais encore dans l'eau quand elle étaitdéjà à plat ventre sur la bouée. Elle s'est retournée vers moi. Elle avait lescheveux dans les yeux et elle riait. Je me suis hissé à côté d'elle sur labouée. Il faisait bon et, comme en plaisantant, j'ai laissé aller ma tête enarrière et je l'ai posée sur son ventre. Elle n'a rien dit et je suis restéainsi. J'avais tout le ciel dans les yeux et il était bleu et doré. Sous manuque, je sentais le ventre de Marie battre doucement. Nous sommes restéslongtemps sur la bouée, à moitié endormis. Quand le soleil est devenu tropfort, elle a plongé et je l'ai suivie. Je l'ai rattrapée, j'ai passé ma mainautour de sa taille et nous avons nagé ensemble. Elle riait toujours. Sur lequai, pendant que nous nous séchions, elle m'a dit: «Je suis plus brune quevous.» Je lui ai demandé si elle voulait venir au cinéma, le soir. Elle aencore ri et m'a dit qu'elle avait envie de voir un film avec Fernandel. Quandnous nous sommes rhabillés, elle a eu l'air très surprise de me voir avec unecravate noire et elle m'a demandé si j'étais en deuil. Je lui ai dit que mamanétait morte. Comme elle voulait savoir depuis quand, j'ai répondu: «Depuishier.» Elle a eu unpetit recul, mais n'a fait aucune remarque. J'ai eu envie de lui dire que ce n'étaitpas de ma faute, mais je me suis arrêté parce que j'ai pensé que je l'avaisdéjà dit à mon patron. Cela ne signifiait rien. De toute façon on est toujoursun peu fautif.

 

Le soir, Marie avait tout oublié.Le film était drôle par moments et puis vraiment trop bête. Elle avait sa jambecontre la mienne. Je lui caressais les seins. Vers la fin de la séance, je l'aiembrassée, mais mal. En sortant, elle est venue chez moi.

 

Quand je me suis réveillé,Marie était partie. Elle m'avait expliqué qu'elle devait aller chez sa tante.J'ai pensé que c'était dimanche et cela m'a ennuyé: je n'aime pas le dimanche.Alors, je me suis retourné dans mon lit, j'ai cherché dans le traversin l'odeurde sel que les cheveux de Marie y avaient laissée et j'ai dormi jusqu'à dixheures. J'ai fumé ensuite des cigarettes, toujours couché, jusqu'à midi. Je nevoulais pas déjeuner chez Céleste comme d'habitude parce que, certainement, ilsm'auraient posé des questions et je n'aime pas cela. Je me suis fait cuire desœufs et je les ai mangés à même le plat, sans pain parce que je n'en avais pluset que je ne voulais pas descendre pour en acheter.

 

Après le déjeuner, je me suisennuyé un peu et j'ai erré dans l'appartement. Il était commode quand mamanétait là. Maintenant il est trop grand pour moi et j'ai dû transporter dans machambre la table de la salle à manger. Je ne vis plus que dans cette pièce,entre les chaises de paille un peu creusées, l'armoire dont la glace estjaunie, la table de toilette et le lit de cuivre. Le reste est à l'abandon. Unpeu plus tard, pour faire quelque chose, j'ai pris un vieux journal et je l'ai lu.J'y ai découpé une réclame des sels Kruschen et je l'ai collée dans un vieuxcahier où je mets les choses qui m'amusent dans les journaux. Je me suis aussilavé les mains et, pour finir, je me suis mis au balcon.

 

Ma chambre donne sur la rue principale dufaubourg. L'après-midi était beau. Cependant, le pavé étaitgras, les gens rares et pressés encore. C'étaient d'abord des familles allanten promenade, deux petits garçons en costume marin, la culotte au-dessous dugenou, un peu empêtrés dans leurs vêtements raides, et une petite fille avec ungros nœud rosé et des souliers noirs vernis. Derrière eux, une mère énorme, enrobe de soie marron, et le père, un petit homme assez frêle que je connais devue. Il avait un canotier, un nœud papillon et une canne à la main. En le voyant avec sa femme, j'aicompris pourquoi dans le quartier on disait de lui qu'il était distingué. Unpeu plus tard passèrent les jeunes gens du faubourg, cheveux laqués et cravaterouge, le veston très cintré, avec une pochette brodée et des souliers à boutscarrés. J'ai pensé qu'ils allaient aux cinémas du centre. C'était pourquoi ilspartaient si tôt et se dépêchaient vers le tram en riant très fort.

 

Après eux, la rue peu à peuest devenue déserte. Les spectacles étaient partout commencés, je crois. Il n'yavait plus dans la rue que les boutiquiers et les chats. Le ciel était pur maissans éclat au-dessus des ficus qui bordent la rue. Sur le trottoir d'en face,le marchand de tabac a sorti une chaise, l'a installée devant sa porte et l'aenfourchée en s'appuyant des deux bras sur le dossier. Les trams tout à l'heurebondés étaient presque vides. Dans le petit café «Chez Pierrot», à côté dumarchand de tabac, le garçon balayait de la sciure dans la salle déserte.C'était vraiment dimanche.

 

J'ai retournéma chaise et je l'ai placée comme celle du marchand de tabac parce que j'aitrouvé que c'était plus commode. J'ai fumé deux cigarettes, je suis rentré pourprendre un morceau de chocolat et je suis revenu le manger à la fenêtre. Peuaprès, le ciel s'est assombri et j'ai cru que nous allions avoir un oraged'été. Il s'est découvert peu à peu cependant. Mais le passage des nuées avaitlaissé sur la rue comme une promesse de pluie qui l'a rendue plus sombre. Jesuis resté longtemps à regarder le ciel.

 

A cinq heures, des tramways sont arrivésdans le bruit. Ils ramenaient du stade de banlieue des grappes de spectateursperchés sur les marchepieds et les rambardes. Les tramways suivants ont ramenéles joueurs que j'ai reconnus à leurs petites valises. Ils hurlaient etchantaient à pleins poumons que leur club ne périrait pas. Plusieurs m'ont faitdes signes. L'un m'a même crié: «On les a eus.» Et j'ai fait: «Oui», ensecouant la tête. A partir de ce moment, les autos ont commencé à affluer.

 

La journéea tourné encore un peu. Au-dessus des toits, le ciel est devenu rougeâtre et,avec le soir naissant, les rues se sont animées. Les promeneurs revenaient peuà peu. J'ai reconnu le monsieur distingué au milieu d'autres. Les enfantspleuraient ou se laissaient tramer. Presque aussitôt, les cinémas du quartieront déversé dans la rue un flot de spectateurs. Parmi eux, les jeunes gens avaient des gestes plus décidésque d'habitude et j'ai pensé qu'ils avaient vu un film d'aventures. Ceux quirevenaient des cinémas de la ville arrivèrent un peu plus tard. Ils semblaientplus graves. Ils riaient encore, mais de temps en temps, ils paraissaientfatigués et songeurs. Ils sont restés dans la rue, allant et venant sur letrottoir d'en face. Les jeunes filles du quartier, en cheveux, se tenaient parle bras. Les jeunes gens s'étaient arrangés pour les croiser et ils lançaientdes plaisanteries dont elles riaient en détournant la tête. Plusieurs d'entreelles, que je connaissais, m'ont fait des signes.

 

Les lampes de la rue se sont alors alluméesbrusquement et elles ont fait pâlir les premières étoiles qui montaient dans lanuit. J'ai senti mes yeux se fatiguer à regarder ainsi les trottoirs avec leurchargement d'hommes et de lumières. Les lampes faisaient luire le pavé mouillé,et les tramways, à intervalles réguliers, mettaient leurs reflets sur descheveux brillants, un sourire ou un bracelet d'argent. Peu après, avec lestramways plus rares et la nuit déjà noire au-dessus des arbres et des lampes,le quartier s'est vidé insensiblement, jusqu'à ce que le premier chat traverselentement la rue de nouveau déserte. J'ai pensé alors qu'il fallait dîner.J'avais un peu mal au cou d'être resté longtemps appuyé sur le dos de machaise. Je suis descendu acheter du pain et des pâtes, j'ai fait ma cuisine etj'ai mangé debout. J'ai voulu fumer une cigarette à la fenêtre, mais l'airavait fraîchi et j'ai eu un peu froid. J'ai fermé mes fenêtres et en revenantj'ai vu dans la glace un bout de table où ma lampe à alcool voisinait avec desmorceaux de pain. J'ai pensé que c'était toujours un dimanche de tiré, quemaman était maintenant enterrée, que j'allais reprendre mon travail et que,somme toute, il n'y avait rien de changé.


今天,我在办公室干了很多活儿。老板很和气。他问我是不是太累了,他也想知道妈妈的年纪。为了不弄错,我说了个“六十来岁”,我不知道为什么他好像松了口气,认为这是了结了一桩大事。

 
  我的桌子上堆了一大堆提单,我都得处理。在离开办公室去吃午饭之前,我洗了手。中午是我最喜欢的时刻。晚上,我就不那么高兴了,因为公用的转动毛巾用了一天,都湿透了。一天,我向老板提出了这件事。他回答说他对此感到遗憾,不过这毕竟是小事一桩。我下班晚了些,十二点半我才跟艾玛努埃尔一起出来,他在发货部门工作。办公室外面就是海,我们看了一会儿大太阳底下停在港里的船。这时,一辆卡车开过来,带着哗啦哗啦的铁链声和噼噼啪啪的爆炸声。艾玛努埃尔问我“去看看怎么样”,我就跑了起来。卡车超过了我们,我们追上去。我被包围在一片嘈杂声和灰尘之中,什么也看不见了,只感到这种混乱的冲动,拼命在绞车、机器、半空中晃动的桅杆和我们身边的轮船之间奔跑。我第一个抓住车,跳了上去。然后,我帮着文玛努埃尔坐好。我们喘不过气来,汽车在尘土和阳光中,在码头上高低不平的路上颠簸着。艾玛努埃尔笑得上气不接下气。

 
  我们来到赛莱斯特的饭馆,浑身是汗。他还是那样子,挺着大肚子,系着围裙,留着雪白的小胡子。他问我“总还好吧”,我说好,现在肚子饿了。我吃得很快,喝了咖啡,然后回家,睡了一会儿,因为我酒喝多了。醒来的时候,我想抽烟。时候不早了,我跑去赶电车。我干了一下午。办公室里很热,晚上下了班,我沿着码头慢步走回去,感到很快活。天是绿色的,我感到心满意足。尽管如此,我还是径直回家了,因为我想自己煮土豆。

 
  楼梯黑乎乎的。我上楼时碰在老萨拉玛诺的身上,他是我同层的邻居。他牵着狗。八年来,人们看见他们总是厮守在一起。这条西班牙种猎犬生了一种皮肤病,我想是丹毒,毛都快掉光了,浑身是硬皮和褐色的痴。他们俩挤在一间小屋子里,久而久之,老萨拉玛诺都像它了。他的脸上长了些发红的硬痴,头上是稀疏的黄毛。那狗呢,也跟它的主人学了一种弯腰驼背的走相,撅着嘴,伸着脖子。他们好像是同类,却相互憎恨。每天两次,十一点和六点,老头儿带着狗散步。八年来,他们没有改变过路线。他们总是沿着里昂路走,狗拖着人,直到老萨拉玛诺打个趔趄,他于是就又打又骂。狗吓得趴在地上,让人拖着走。这时,该老头儿拽了。要是狗忘了,又拖起主人来,就又会挨打挨骂。于是,他们两个双双待在人行道上,你瞅着我,我瞪着你,狗是怕,人是恨。天天如此。碰到狗要撒尿,老头儿偏不给它时间,使劲拽它,狗就沥沥拉拉尿一道儿。如果狗偶尔尿在屋里,更要遭到毒打。这样的日子已经过了八年。赛莱斯特总是说“这真不幸”,实际上,谁也不能知道。我在楼梯上碰见萨拉玛诺的时候,他正在骂狗。他对它说:“混蛋!脏货!”狗直哼哼。我跟他说:“您好,”但老头儿还在骂。于是,我问狗怎么惹他了,他不答腔。他只是说:“混蛋!脏货!”我模模糊糊地看见他正弯着腰在狗的颈圈上摆弄什么。我提高了嗓门儿。他头也不回,憋着火儿回答我:“它老是那样。”说完,便拖着那条哼哼卿卿、不肯痛痛快快往前走的狗出去了。

 
  正在这时,我那层的第二个邻居进来了。这一带的人都说他靠女人生活。但是,人要问他职业,他就说是“仓库管理员”。一般地说,大家都不大喜欢他。但是他常跟我说话,有时还到我那儿坐坐,因为我听他说话。再说,我没有任何理由不跟他说话。他叫莱蒙·散太斯。他长得相当矮,肩膀却很宽,一个拳击手的鼻子。他总是穿得衣冠楚楚。说到萨拉玛诺,他也说:“真是不幸!”他问我对此是否感到讨厌,我回答说不。

 
  我们上了楼,正要分手的时候,他对我说:“我那里有猪血香肠和葡萄酒,一块儿吃点怎么样?……”我想这样我不用做饭了,就接受了。他也只有一间房子,外带一间没有窗户的厨房。床的上方摆着一个白色和粉红色的仿大理石天使像,几张体育冠军的相片和两三张裸体女人画片。屋里很脏,床上乱七八糟。他先点上煤油灯,然后从口袋里掏出一卷肮脏的纱布,把右手缠了起来。我问他怎么了,他说他和一个跟他找碴儿的家伙打了一架。


“您知道,默而索先生,”他对我说,“并不是我坏,可我是火性子。那小子呢,他说:‘你要是个男子汉,从电车上下来。’我对他说:‘滚蛋,别找事儿。’他说我不是男子汉。于是,我下了电车,对他说:“够了,到此为止吧,不然我就教训教训你。’他说:‘你敢怎么样?’我就揍了他一顿。他倒在地上。我呢,我正要把他扶起来,他却躺在地上用脚踢我。我给了他一脚,又打了他两耳光。他满脸流血。我问他够不够。他说够了。”


  说话的工夫,散太斯已缠好了绷带。我坐在床上。他说:“您看,不是我找他,是他对我不尊重。”的确如此,我承认。这时,他说,他正要就这件事跟我讨个主意,而我呢,是个男子汉,有生活经验,能帮助他,这样的话,他就是我的朋友了。我什么也没说,他又问我愿不愿意做他的朋友。我说怎么都行,他好像很满意。他拿出香肠,在锅里煮熟,又拿出酒杯、盘子、刀叉、两瓶酒。拿这些东西时,他没说话。我们坐下。一边吃,他一边讲他的故事。他先还迟疑了一下。“我认识一位太太……这么说吧,她是我的情妇。”跟他打架的那个人是这女人的兄弟。他对我说他供养着她。我没说话,但是他立刻补充说他知道这地方的人说他什么,不过他问心无愧,他是仓库管理员。


 “至于我这件事,”他说,“我是发觉了她在欺骗我。”他给她的钱刚够维持生活。他为她付房租,每天给她二十法郎饭钱。“房租三百法郎,饭钱六百法郎,不时地送双袜子,一共一千法郎。人家还不工作。可她说那是合理的,我给的钱不够她生活。我跟她说:‘你为什么不找个半天的工作干干呢?这样就省得我再为这些零星花费操心了。这个月我给你买了一套衣服,每天给你二十法郎,替你付房租,可你呢,下午和你的女友们喝咖啡。你拿咖啡和糖请她们,出钱的却是我。我待你不薄,你却忘恩负义。’可她就是不工作,总是说钱不够。所以我才发觉其中一定有欺骗。”


  于是,他告诉我他在她的手提包里发现了一张彩票,她不能解释是怎么买的。不久,他又在她那里发现一张当票,证明她当了两只镯子。他可一直不知道她有两只镯子。“我看得清清楚楚,她在欺骗我。我就不要她了。不过,我先揍了她一顿,然后才揭了她的老底。我对她说,她就是想拿我寻开心。您知道,默而索先生,我是这样说的:‘你看不到人家在嫉妒我给你带来的幸福。你以后就知道自己是有福不会享了。’”


  他把她打得见血方休。以前,他不打她。“打是打,不过是轻轻碰碰而已。她叫唤。我就关上窗子,也就完了。这一回,我可是来真的了。对我来说,我惩罚得还不够呢。”


  他解释说,就是为此,他才需要听听我的主意。他停下话头,调了调结了灯花的灯芯。我一直在听他说。我喝了将近一升的酒,觉得太阳穴发烫。我抽着莱蒙的烟,因为我的已经没有了。末班电车开过,把已很遥远的郊区的嘈杂声带走了。莱蒙在继续说话。使他烦恼的是,他对跟他睡觉的女人“还有感情”。但他还是想惩罚她。最初,他想把她带到一家旅馆去,叫来“风化警察”,造成一桩丑闻,让她在警察局备个案。后来,他又找过几个流氓帮里的朋友。他们也没有想出什么办法。正如莱蒙跟我说的那样,参加流氓帮还是值得的。他对他们说了,他们建议“破她的相”。不过,这不是他的意思。他要考虑考虑。在这之前,他想问问我的意见。在得到我的指点之前,他想知道我对这件事是怎么想的。我说我什么也没想,但是我觉得这很有意思。他问我是不是认为其中有欺骗,我觉得是有欺骗。他又问我是不是认为应该惩罚她,假使是我的话,我将怎么做,我说永远也不可能知道,但我理解他想惩罚她的心情。我又喝了点酒。他点了一支烟,说出了他的主意。他想给她写一封信,“信里狠狠地羞辱她一番,再给她点儿甜头让她后悔。”然后,等她来的时候,他就跟她睡觉,“正在要完事的时候”,他就吐她一脸唾沫,把她赶出去。我觉得这样的话,的确,她也就受到了惩罚。但是,莱蒙说他觉得自己写不好这封信,他想让我替他写。由于我没说什么,他就问我是不是马上写不方便,我说不。

 
  他喝了一杯酒,站起来,把盘子和我们吃剩的冷香肠推开。他仔细地擦了擦铺在桌上的漆布。他从床头柜的抽屉里拿出一张方格纸,一个黄信封,一支红木杆的蘸水钢笔和一小方瓶紫墨水。他告诉我那女人的名字,我看出来是个摩尔人。我写好信。信写得有点儿随便,不过,我还是尽力让莱蒙满意,因为我没有理由不让他满意。然后,我高声念给他听。他一边抽烟一边听,连连点头。他请我再念一遍。他非常满意。他对我说:“我就知道你有生活经验。”起初,我还没发觉他已经用“你”来称呼我了。只是当他说“你现在是我的真正的朋友了,”这时我才感到惊奇。他又说了一遍,我说:“对。”做不做他的朋友,怎么都行,他可是好像真有这个意思。他封上信,我们把酒喝完。我们默默地抽了会儿烟。外面很安静,我们听见一辆小汽车开过去了。我说:“时候不早了。”莱蒙也这样想。他说时间过得很快。这从某种意义上说,的确是真的。我困了,可又站不起来。我的样子一定很疲倦,因为莱蒙对我说不该灰心丧气。开始,我没明白。他就解释说,他听说我妈妈死了,但这是早晚要有的事情。这也是我的看法。

 
  我站起身来,莱蒙紧紧地握着我的手,说男人之间总是彼此理解的。我从他那里出来,关上门,在漆黑的楼梯口待了一会儿。楼里寂静无声,从楼梯洞的深处升上来一股隐约的、潮湿的气息。我只听见耳朵里血液一阵阵流动声。我站着不动。老萨拉玛诺的屋子里,狗还在低声哼哼。

加缪朗读《局外人》L'étranger第一章

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