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法语学习:法国总统马克龙在2018年使节会议上的讲话,称每年都要去中国

法语世界 2019-08-15


2018年8月27日,法国总统马克龙(Emmanuel Macron )在巴黎爱丽舍宫举行的年度大使会议上发表演讲。


Discours du Président de la République à la conférence des Ambassadeurs



Messieurs les Présidents,


Monsieur le Premier ministre,


Mesdames et Messieurs les ministres,


Mesdames et Messieurs les Parlementaires,


Mesdames, Messieurs les Ambassadeurs,


Mesdames, Messieurs,


Je suis très heureux de vous retrouver aujourd’hui pour ouvrir cette conférence des Ambassadeurs et des Ambassadrices. Heureux parce que c’est toujours l’occasion unique de partager quelques convictions et une lecture du monde tel qu’il va, dans lequel chaque jour la France agit, est attendue, porte sa voix.


Dans quelques jours, vous rejoindrez vos équipes sur le terrain et vous porterez avec exigence, détermination, une très grande responsabilité.





Votre première responsabilité, ce sera de représenter notre pays, notre histoire, nos idéaux républicains, nos géographies de métropole et d’outre-mer, nos intérêts. Et en représentant la France vous représentez l’histoire, la force, le rôle de notre peuple dans le concert des nations et avez à y conduire une diplomatie que je veux fiable et innovante.


Votre deuxième responsabilité, avec votre équipe, avec l’appui de tous les relais dont vous disposez sur place, sera de mettre en œuvre une politique ambitieuse pour notre pays. Cette ambition, soyez assurés qu’elle se traduira par un rythme de réformes en France qui ne changera pas d’allure, bien au contraire. Le Premier ministre vous en précisera les orientations. Plusieurs ministres auront aussi à s’exprimer sur ce point. Sous la conduite de votre Ministre Jean-Yves Le DRIAN, que je tiens à remercier pour son implication constante, vous nous aiderez à soutenir ces réformes à l’international.


En effet, vous êtes à mes yeux parties prenantes de la stratégie que j’ai demandé au gouvernement de mettre en œuvre pour le pays. D’abord, en associant pleinement nos communautés françaises à l’étranger. Elles sont une richesse, une force. Nos réformes doivent leur être expliquées et elles doivent aussi être portées par elles. Les Françaises et les Français de l’étranger sont un atout pour notre pays. Ils doivent participer pleinement de ce nouveau rayonnement de la France.


C’est pour cela que j’ai souhaité une réflexion en profondeur sur l’enseignement français à l’étranger qui, sur la base du rapport que j’ai demandé au gouvernement, donnera lieu à l’annonce d’une réforme cet automne. C’est aussi pour cela que je veux aller au bout des simplifications attendues par nos concitoyens, en termes de démarches administratives et de vote en ligne.


Ensuite, vous contribuez à la compétitivité de la France. Vous devez expliquer aux gouvernements, aux acteurs économiques dans les pays où vous êtes en poste, la cohérence et l’ampleur de notre agenda de transformation. Notre attractivité s’améliore, mais il nous faut nous mobiliser bien davantage pour nos exportations. Votre mobilisation en faveur d’une diplomatie économique est un élément important de cette stratégie. Nous devons notamment axer notre action collective sur une stratégie export pour les entreprises de taille intermédiaire comme les petites et moyennes entreprises qui seule réduira notre déficit commercial.


Mais j’attends de vous encore davantage. De Ouagadougou à Xi’an, de Sydney à New York ou la Sorbonne, j’ai durant l’année qui s’achève pu, à travers plusieurs discours, renouveler nos approches géographiques ou stratégiques. Il faut que celles-ci soient désormais déclinées avec précision. Cela suppose de choisir des objectifs clairs et donc limités, et de prendre de nouvelles mesures afin d’en assurer le suivi. Nous avons encore trop tendance à considérer que tout est prioritaire et ne pas suffisamment avoir une culture du résultat. Même en diplomatie, le succès se mesure – certes pas en un jour et même sans doute jamais en un jour – à la capacité néanmoins d’infléchir des attitudes, de construire des amitiés et des alliances, de remporter des marchés. En un mot, de faire avancer les intérêts de la France et des Français et de faire partager un peu de notre vision et conception du monde.


C’est l’attente de nos concitoyens, qui veulent légitimement voir les retombées de la politique que nous conduisons. Cela suppose enfin une capacité d’anticipation renforcée. Nous suivons les situations de nombre de pays ou de régions, du Venezuela à la Birmanie en passant par l’Ukraine ou la République démocratique du Congo. Mais nous devons davantage les anticiper, faire parfois des paris, proposer des initiatives. J’en appelle à votre esprit de prospective, d’analyse, d’action. N’hésitez jamais à proposer librement, c’est le meilleur moyen de ne pas subir.



Vous l’avez compris, j’attends beaucoup de vous. Nous avançons dans un contexte qu’il faut appréhender avec calme et lucidité. Calme, car il ne s’agit pas de changer de stratégie dès qu’un événement extérieur apparaît. Lucidité, car il ne s’agit pas pour autant de sous-estimer les crises du monde. Or, durant l’année qui vient de s’écouler, que s’est-il passé ?


La France a réaffirmé sa volonté européenne, sa vision, son projet. La France a proposé une Europe qui protège, plus souveraine, unie et démocratique mais, dans le même temps, les extrêmes ont progressé et les nationalismes se sont réveillés. Est-ce une raison pour abandonner ? Certainement pas. Serait-ce une raison pour dire que nous avons tort ? Tout le contraire. Nous payons là plusieurs décennies d’une Europe qui, il faut le regarder en face, s’est parfois affadie, affaiblie, qui n’a peut-être pas toujours suffisamment proposé. Il faut en réalité redoubler nos efforts. J’y reviendrai.


La France s’est aussi faite le chantre d’un multilatéralisme fort. Or, le système multilatéral hérité du siècle passé est remis en cause par des acteurs majeurs et des puissances autoritaires qui parfois fascinent de plus en plus. Devons-nous rendre les armes ? Est-ce la responsabilité de la France si tel ou tel pays choisit telle sensibilité, si une autre puissance souveraine décide différemment de ce que nous pensons ? La responsabilité de la France est de faire entendre sa voix, de la défendre. Pas de se substituer à la parole des autres. Il nous faudra donc prendre de nouvelles initiatives, construire de nouvelles alliances, porter les débats au bon niveau si nous souhaitons appréhender tous les défis contemporains et le bon niveau est bien celui d’un débat de civilisation pour nos valeurs et la défense de nos intérêts.


L’année dernière, j’avais devant vous exposé les quatre objectifs de notre action diplomatique, au nom de la politique que je mène pour la nation : la sécurité de nos compatriotes, la promotion des biens communs, l’influence et l’attractivité de notre pays et, enfin, une nouvelle ambition européenne.


Ces objectifs sont toujours valides mais les circonstances testent la robustesse de nos principes et la constance de notre action. Je veux aujourd’hui rappeler ce que nous avons fait dans ce cadre, et le Ministre y reviendra plus longuement devant vous, mais aussi vous dire comment j’envisage notre réponse à cette double crise du multilatéralisme et de l’Europe. Car oui, plus qu’il y a un an, nous sommes aujourd’hui à un moment de vérité.


Sur la sécurité des Français tout d’abord.






C’est bien évidemment notre priorité et, tout particulièrement, la lutte contre le terrorisme au premier chef. Pour lutter contre le terrorisme islamiste, nous nous sommes dotés d’une nouvelle loi pour la France. Nous avons réalisé l’initiative annoncée ici même il y a un an d’une conférence contre le financement du terrorisme qui s’est tenue à l’OCDE au printemps dernier et l’Australie a accepté de présider une deuxième conférence sur ce sujet, et je vous demande de contribuer à un suivi très attentif de la mise en œuvre de l’Agenda de Paris avec l’ensemble de nos partenaires. Nous avons d’ores et déjà obtenu des premiers résultats. Le suivi de transactions qui jusque-là était opaque et qui touchait directement notre pays. Il nous faut poursuivre inlassablement ce travail.


Mais évoquer la lutte contre le terrorisme, c’est bien entendu revenir sur notre politique au Sahel et au Moyen-Orient où sévissent les groupements terroristes qui menacent la stabilité de ces régions mais qui nous ont aussi directement frappés d’où ont été organisées les attaques qui ont touché notre pays.


Au Sahel, nous avons maintenu notre engagement militaire au travers de l’opération Barkhane. Je veux ici saluer tous nos soldats qui, depuis 2013, sont avec courage engagés sur ce difficile théâtre d’opérations. C’est cette présence et celle de la MINUSMA qui ont évité le pire dans la région et ont permis en particulier que les élections se tiennent ce mois-ci au Mali. Nous avons dans cette région obtenu des victoires importantes ces derniers mois contre la présence terroriste, mais cette action doit se poursuivre avec la même intensité mais en complétant la présence la force Barkhane de plusieurs axes commencés dès juillet 2017.


Premièrement, nous avons appuyé et accéléré la création des forces conjointes du G5 Sahel. Je suis convaincu que notre action militaire sera, en effet, plus efficace encore si elle s’articule mieux avec l’implication des cinq pays du Sahel concernés. Nous avons levé des financements, encouragé les premières opérations des forces. A plusieurs reprises, je me suis déplacé pour constater les avancées et avec l’ensemble des chefs d’Etat et de gouvernement impliqués nous avons amélioré notre organisation.


Cette organisation est la seule qui, dans la durée, permettra la stabilité parce qu’elle implique pleinement les cinq pays du Sahel concernés à leur propre sécurité. Il nous faut veiller à sa mise en œuvre et dans les prochaines semaines et les prochains mois, nous aurons à conduire de nouvelles opérations conjointes avec ces forces du G5. Il nous faut aussi renforcer la coopération avec l’Algérie, exposée au même risque terroriste, ainsi qu’avec le Nigéria et le Cameroun, engagés contre Boko HARAM.


Deuxièmement, nous avons encouragé la montée en puissance de l’Union Africaine. C’est ce que j’ai plaidé en juillet dernier au Sommet de Nouakchott devant l’Union Africaine et c’est ce que j’aurai l’occasion d’aborder prochainement avec le président TRUMP et le président KAGAME, actuel président en exercice de l’Union africaine. Nous devons travailler à la création d’opérations africaines de paix crédibles, leur assurer un financement stable et prévisible, en particulier entre les Nations Unies, l’Union Africaine et les organisations sous-régionales.


Troisièmement, nous avons complété notre action militaire par le renforcement et la simplification de notre action en matière de développement, en créant avec l’Allemagne et plusieurs autres bailleurs internationaux l’Alliance pour le Sahel. Ce sont les complémentaires "3D" que j’évoquais l’année dernière : Diplomatie, Développement et Défense, et nous avons commencé à déployer les premières opérations en matière d’éducation, en matière agricole, plus largement économique, dans plusieurs pays de la région où à chaque fois le terrain repris à l’ennemi doit s’accompagner de nouveaux projets qui permettent de donner des perspectives économiques, éducatives, des perspectives de vie aux populations qui, à un moment donné, avaient pu être séduites.


Je veux ici saluer l’action et les résultats obtenus en Mauritanie, au Niger, au Tchad. Il nous faut dans les prochains mois apporter toute notre aide à la stabilité et à la reconquête de certaines régions au Mali et au Burkina Faso.


Quatrièmement, la question du Sahel ne se réglera pas véritablement tant que la stabilité de la Libye ne sera pas assurée. L’anomie qui règne en Libye depuis 2011 a conduit à structurer des routes organisées de trafic de drogue, d’êtres humains et d’armes. Toute la bande sahelo-saharienne a toujours été une région de commerce et de trafic mais ces routes sont aujourd’hui celles de la misère et du terrorisme. Tant que nous n’aurons pas stabilisé la Libye, il sera impossible de stabiliser durablement le Sahel. Ce sont ces routes qui font vivre aujourd’hui les terroristes et qui les financent.


Nous avons pris plusieurs initiatives pour répondre à cette situation. D’abord en luttant contre ces trafics et réseaux de passeurs en lien avec l’Union Africaine et l’Organisation internationale pour les migrations.


Ensuite, en réunissant en France Messieurs SARRAJ et HAFTAR en juillet 2017 puis, pour la première fois, les quatre principaux dirigeants libyens en mai dernier, entourés de la communauté internationale, pour s’engager dans un processus politique commun.


Je crois très profondément à la restauration de la souveraineté libyenne et à l’unité du pays. C’est une composante essentielle de la stabilisation de la région et donc de la lutte contre les terroristes et les trafiquants. Les prochains mois seront à cet égard décisifs, ils nécessiteront notre mobilisation pour soutenir le remarquable travail du représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies, Ghassan SALAME, pour éviter toutes les tentations de divisions, puisque ce pays est devenu au fond le théâtre de toutes les influences, de tous les intérêts extérieurs. Notre rôle pour notre sécurité et celle de la région, est de réussir à faire cheminer l’accord de Paris des quatre parties prenantes, décidé en mai dernier.


L’autre théâtre d’opération de notre lutte contre le terrorisme est bien entendu la Syrie. En Syrie, la situation reste extrêmement grave et préoccupante. La France a été très active sur le plan diplomatique, de New York à Genève, en passant par toutes les capitales concernées. Nous avons augmenté significativement notre aide humanitaire. Un cessez-le-feu est aujourd’hui indispensable, mais la solution durable à ce conflit sera politique, nous le savons est politique.


La France a été la première à proposer le rapprochement des positions des Etats occidentaux et arabes d’un côté, et des trois pays dits garants d’Astana de l’autre. Nous avons intégré l’Allemagne et l’Egypte au « Small group » qui tiendra en septembre une nouvelle réunion ministérielle avec les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l’Arabie saoudite et la Jordanie. Nous avons renforcé notre dialogue avec la Turquie sur la Syrie à un niveau jamais atteint, malgré nos divergences de fond sur la région du Nord-est. Le mécanisme de coordination créé à Saint Petersburg avec la Russie a produit ses premiers effets, en particulier sur le plan humanitaire, en ne cédant rien à nos principes et en agissant par le truchement des organisations non gouvernementales présentes sur le terrain pour mener des opérations humanitaires à destination des populations civiles.


Et je tiens à cet égard à saluer ici le travail remarquable et courageux de toutes les ONG sur le terrain.


Beaucoup de choses ont donc évolué, nous avons, je crois, réussi à reconstruire une voie européenne essentielle dans la crise syrienne, mais ne nous trompons pas, nous sommes sur ce sujet aussi à l’heure de vérité. Nous abordons sans doute les derniers mois du conflit avec un défit humanitaire essentiel dans la région d’Idleb. Et nous sommes à la croisée des chemins pour réussir à mener justement cette solution politique inclusive à laquelle nous croyons, qui seule permettra aux églises d’Orient, mais aussi aux kurdes, aux Yésidis, à l’ensemble des minorités ethniques et religieuses d’avoir une place dans la Syrie de demain.


Nos lignes sur le conflit syrien sont claires : la lutte contre Daesh et les groupes terroristes qui menacent la sécurité de l’Europe, le soutien aux populations civiles et la promotion d’une feuille de route diplomatique inclusive, en lien avec les Nations Unies.


J’ai confié à mon Envoyé personnel sur la Syrie, l’Ambassadeur François SENEMAUD, la mission de faire avancer ces objectifs en lien avec l’ensemble des ministères concernés. Mais la situation est aujourd’hui alarmante, car le régime menace de créer une nouvelle tragédie humanitaire dans la région d’Idleb et ne montre jusqu’à présent aucune volonté pour négocier la moindre transition politique. Cela implique de renforcer encore la pression sur le régime et ses alliés et j’attends à cet égard beaucoup de la Russie et de la Turquie, compte tenu de leur rôle et des engagements pris.


Nous voyons bien ceux qui voudraient, une fois la guerre contre Daesh achevée, faciliter ce que d’aucun appelle un retour à la normale. Bachar El-ASSAD resterait au pouvoir, les réfugiés de Jordanie, du Liban, de Turquie, retourneraient chez eux, et l’Europe et quelques autres reconstruiraient.


Si je considère depuis le premier jour que notre premier ennemi est Daesh et que je n’ai jamais fait de la destitution de Bachar El-ASSAD une condition préalable à notre action diplomatique ou humanitaire, je pense qu’un tel scénario serait néanmoins une erreur funeste. Qui a provoqué ces millions de réfugiés ? Qui a massacré son propre peuple ? Il n’appartient pas à la France de désigner les futurs dirigeants de la Syrie, pas plus qu’à un autre pays. Mais c’est notre devoir et notre intérêt que de nous assurer que le peuple syrien sera bien en situation de le faire.


C’est pourquoi la condition de l’unité, de la stabilité de la Syrie et donc de l’éradication durable du terrorisme islamiste, est bien la construction de cette solution politique inclusive qui passe par une réforme constitutionnelle et la mise en place d’un processus électoral, qui permettra à tous les Syriens, y compris ceux et surtout ceux qui ont fui le régime de Bassar El-ASSAD, de choisir leur propre dirigeant. Cette action et ces principes sont à mes yeux déterminants pour notre sécurité, même aujourd’hui et demain, car qu’est-ce qui a permis depuis plus de 15 ans de faire prospérer les groupements terroristes, qu’il s’agisse d’Al Qaida, de Daesh ou d’Al-Nosra ?


La misère économique, les régimes autoritaires ne protégeant plus les peuples, la corruption généralisée, mais aussi le non-respect de la souveraineté de ces pays par les puissances étrangères, c’est ce qui a nourri le discours même des islamistes, qui a nourri l’exploitation de toutes les frustrations et du discours antioccidental. Ne reproduisons donc pas ces erreurs. Respectons la souveraineté de la Syrie, mais respectons-la vraiment, en permettant au peuple de s’exprimer et de l’incarner. C’est le sens du combat diplomatique et politique que nous devons mener avec le représentant du secrétaire général des Nations Unies Staffan de MISTURA, pour faire converger les Syriens, le Small Group, Astana, les Etats de la région autour d’une même feuille de route inclusive, dont seule la mise en œuvre permettra une paix durable.


Bien entendu, la stabilité de la région dépendra aussi de notre capacité à traiter des sujets iraniens, je viens à l’instant d’échanger à nouveau avec le président ROHANI de la crise dans le Golfe, du conflit au Yémen et de la question israélo-palestinienne, qui reste absolument centrale et préoccupante.


Sur ces points essentiels, je ne veux pas ici être trop long et j’aurai à m’exprimer dans les prochaines semaines en prenant avec vous des initiatives concrètes.


Avec toujours le même fil rouge : notre sécurité comme notre vision du monde imposent la stabilité du Proche et du Moyen-Orient ; cette stabilité ne peut se construire que dans le pluralisme ethnique, religieux, politique et le travail avec toutes les parties prenantes. Elle impose donc tout à la fois notre implication et notre exigence quant au respect de la dignité de chacun et des droits humains, mais aussi notre humilité car à aucun moment nous ne saurions nous substituer à la souveraineté des Etats en question. C’est le sens de notre travail avec le Liban, la Jordanie ou l’Egypte ces derniers mois. C’est ce qui fait que nous serons écoutés et que nous pourrons continuer à être efficaces.


Evoquer dans l’environnement contemporain notre action pour la sécurité des Français, c’est aussi poursuivre notre engagement à lutter contre les armes chimiques et la prolifération nucléaire.


Nous avons créé un partenariat international contre l’impunité en matière d’armes chimiques, nous avons entrainé la solidarité de l’Union européenne avec le Royaume-Uni après l’attaque de Salisbury. Nous avons en juin permis la création d’un nouveau mécanisme d’attribution de telles attaques au sein de l’organisation pour l’interdiction des armes chimiques, au siège de laquelle je m’étais rendu quelques mois plus tôt. Ces actions étaient nécessaires car nous savons combien le rôle, la surveillance de cette organisation est contestée par certains et avait pu être fragilisé par des réformes récentes.


La parole de la France a aussi été tenue et nos lignes ont été respectées. Quand le régime syrien a bombardé sa population avec des armes chimiques, nous avons frappé plusieurs de ses installations dans la nuit du 13 au 14 avril dernier avec nos alliés britanniques et américains, et nous continuerons à agir ainsi en cas d’utilisation avérée de ces armes.


Nous avons lutté contre la prolifération nucléaire, en accompagnant par une politique de vigilance l’ouverture entre la Corée du Nord et les Etats-Unis, et en nous engageant, contre la décision américaine, pour le maintien de l’accord nucléaire avec l’Iran.


C’est la France, lors de notre rencontre ici-même il y a un an, qui proposait le chemin d’une négociation élargie avec l’Iran portant sur les quatre piliers que vous connaissez et que je vous avais alors exposé.


Cette approche progresse aujourd’hui, c’est une boussole que de nouveaux partenaires suivent, et nous ferons tout pour qu’elle contribue à éviter une grave crise dans les mois qui viennent. Un important effort diplomatique sera le moment venu nécessaire pour établir un nouveau cadre de stabilité. Notre action étroitement coordonnée, en particulier avec le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Union européenne consiste aujourd’hui à préserver ce que l’accord nucléaire de 2015 avait permis et à le consolider par l’ouverture de nouvelles négociations, plus exigeantes encore.


La France saura prendre ses responsabilités sur le sujet iranien, sans complaisance ou naïveté, en maintenant un dialogue étroit avec nos partenaires, parmi lesquels les Etats du Golfe.


Parler de notre sécurité, c’est aussi parler de la sécurité de l’Europe au regard des risques extérieurs.


A cet égard, durant l’année qui vient de s’écouler, nous avons progressé à un rythme inégalé durant les soixante dernières années. Le renforcement de notre politique commune de défense depuis l’été 2017, la création d’un fonds de défense afin de financer des initiatives concrètes, la conclusion de deux accords stratégiques pour les chars et les avions de combat entre l’Allemagne et la France, la conclusion avec huit autres Etats membres de l’initiative européenne d’intervention que j’avais proposée en septembre 2017 pour favoriser un esprit de défense entre Européens, sont des avancées aujourd’hui actées et inédites. Jamais l’Europe n’avait avancé aussi vite en matière de défense.


L’Europe a pris conscience qu’elle devait se protéger et la France a dans ce cadre pris toutes ses responsabilités, à travers la loi de programmation militaire promulguée le 14 juillet dernier qui redonne une vision stratégique actualisée face à ces nouvelles menaces à notre pays et des moyens cohérents pour répondre à celles-ci.


La France et l’Europe ont en quelque sorte pris acte des nouvelles menaces contemporaines et du fait que nous avions besoin d’une autonomie stratégique et de défense pour répondre à ces dernières.


Je porterai dans les prochains mois un projet de renforcement de la solidarité européenne en matière de sécurité. Nous devons en effet donner plus de substance à l’article 42-7 du Traité sur l’Union européenne, invoqué pour la première fois par la France en 2015, après les attentats. La France est prête à entrer dans une discussion concrète entre Etats européens sur la nature des liens réciproques de solidarité et de défense mutuelle qu’impliquent nos engagements aux termes du traité. L’Europe ne peut plus remettre sa sécurité aux seuls Etats-Unis. C’est à nous aujourd’hui de prendre nos responsabilités et de garantir la sécurité et donc la souveraineté européenne.


Nous devons tirer toutes les conséquences de la fin de la guerre froide. Des alliances ont aujourd’hui encore toute leur pertinence, mais les équilibres, parfois, les automatismes sur lesquels elles s’étaient bâties sont à revisiter. Et cela suppose aussi pour l’Europe d’en tirer toutes les conséquences. Cette solidarité renforcée impliquera de revisiter l’architecture européenne de défense et de sécurité. D’une part, en initiant un dialogue rénové sur la cyber-sécurité, les armes chimiques, les armements classiques, les conflits territoriaux, la sécurité spatiale ou la protection des zones polaires tout particulièrement avec la Russie.


Je souhaite que nous lancions une réflexion exhaustive sur ces sujets avec l’ensemble de nos partenaires européens au sens large, et donc avec la Russie. Des progrès substantiels vers la résolution de la crise ukrainienne, tout comme le respect du cadre de l’OSCE – je pense en particulier à la situation des observateurs dans le Donbass – seront bien entendu des conditions préalables à des avancées réelles avec Moscou. Mais cela ne doit pas nous empêcher de travailler dès maintenant entre Européens. Je compte sur vous pour cela.


D’autre part, nous revisiterons cette architecture européenne en réaffirmant la pertinence du Conseil de l’Europe, dont la France présidera en 2019 le comité des ministres, et de nos valeurs démocratiques. Nous n’avons pas, sur ce sujet, à céder à quelque fascination que ce soit, et que nous voyons poindre un peu partout à travers l’Union européenne ; ces fascinations pour les démocraties illibérales ou pour une forme d’efficacité qui passeraient par la renonciation à tous nos principes. Non. Notre sécurité passe par la réaffirmation de nos valeurs, des Droits de L’Homme qui sont au fondement même, non seulement du Conseil de l’Europe, mais de l’Union européenne, et la défense de toutes celles et ceux qui les portent chaque jour, je pense aux organisations non gouvernementales, aux intellectuels, aux artistes, aux militants, aux journalistes. Et sur ce sujet aussi, nous aurons à prendre, en particulier, en marge de l’assemblée générale des Nations Unies plusieurs initiatives.


Le deuxième objectif que j’avais assigné, il y a un an, à notre diplomatie, c’est la promotion des biens communs, la protection de la planète, la culture, l’éducation de nos enfants, la santé des populations, les échanges commerciaux ou encore l’espace numérique sont les éléments du patrimoine mondial que nous devons défendre. Mais pour cela, il faut d’abord des règles collectives, acceptées par tous, indispensables pour permettre la bonne coopération, et donc les progrès en matière de défense de ces biens communs. Or, la première menace qui pèse sur nos biens communs, c’est bien la crise du multilatéralisme lui-même.


Le multilatéralisme traverse en effet une crise majeure qui vient percuter toutes nos actions diplomatiques, avant tout, en raison de la politique américaine. Le doute sur l’OTAN, la politique commerciale unilatérale et agressive conduisant à une quasi-guerre commerciale avec la Chine, l’Europe et quelques autres, le retrait de l’accord de Paris, la sortie de l’accord nucléaire iranien en sont autant de marques. Le partenaire avec lequel l’Europe avait bâti l’ordre multilatéral d’après-guerre semble tourner le dos à cette histoire commune. La France, chaque fois, a été la première et la plus claire dans son opposition à ces décisions, mais tout en cherchant, chaque fois, à convaincre avant que ces décisions ne soient prises, et à maintenir l’indispensable dialogue de qualité entre nos deux pays. Et je revendique pleinement cela.


La Chine, tout en participant activement au jeu multilatéral classique, promeut de son côté sa propre vision du monde, sa propre vision d’un multilatéralisme réinventé, plus hégémonique. D’autres puissances ne jouent pas véritablement le jeu de la coopération multilatérale, et l’effondrement de cet ordre supposé occidental ne leur poserait pas tant de difficultés.


Dans ce contexte, on reproche parfois à la France de poursuivre le dialogue, les efforts avec les Etats-Unis, alors qu’il est évident, même dans les circonstances actuelles, que le dialogue avec Washington reste essentiel. Et je dois vous dire que la situation est à mes yeux très différente de ce qu’on décrit la plupart du temps. D’abord parce que le mouvement d’isolationnisme ou d’unilatéralisme, devrais-je dire, que les Etats-Unis vivent n’est pas totalement nouveau, il a déjà existé par le passé lointain, si on se réfère à JACKSON, mais il avait déjà commencé avec l’administration précédente sur certains théâtres d’opérations et dans certaines régions.


Cette position américaine, bien entendu, affaiblit le multilatéralisme contemporain, parce qu’elle entrave l’efficacité et peut conduire à faire émerger des modèles alternatifs plus hégémoniques et irrespectueux de nos valeurs. Mais à mes yeux, elle doit être plutôt vue comme un symptôme davantage qu’une cause, le symptôme de la crise de la mondialisation capitaliste contemporaine et du modèle libéral westphalien multilatéral qui l’accompagne.


Cette mondialisation et ce multilatéralisme ont eu des effets positifs qu’il ne faut pas sous-estimer : ils ont sorti de la pauvreté des centaines de millions d’habitants de la planète, ils ont mis fin à une conflictualité idéologique qui divisait le monde, ils ont permis une phase de prospérité et de liberté inédites, d’expansion pacifique du commerce international, qui est une réalité des dernières décennies. Cependant, cet ordre économique, social et politique est en crise. D’abord, parce qu’il n’a pas su réguler les dérives qui lui sont propres : déséquilibres commerciaux qui ont profondément touché certaines régions, perdantes de la mondialisation, catastrophes environnementales longtemps oubliées, inégalités considérables au sein de nos sociétés et entre nos sociétés.


Et du Brexit à la position contemporaine américaine, c’est bien ce malaise avec la mondialisation contemporaine qui s’exprime. Simplement, la réponse à mes yeux ne passe pas par l’unilatéralisme, mais par une réinvention, une nouvelle conception de la mondialisation contemporaine. Ensuite, cette mondialisation capitaliste a généré une accélération des flux financiers, une hyper-concentration des techniques, des talents, mais aussi des profits qui ont fait émerger des acteurs qui bousculent et affaiblissent nos règles collectives, et des grands gagnants comme des grands perdants.


Enfin, parce que, partout dans le monde, les identités profondes des peuples ont resurgi, avec leurs imaginaires historiques. C’est un fait. Ceux qui croyaient à l’avènement d’un peuple mondialisé, protégé des morsures de l’histoire, se sont profondément trompés. Partout dans le monde, la psyché profonde est revenue à chacun de nos peuples, et c’est vrai, de l’Inde à la Hongrie, en passant par la Grèce, jusqu’aux Etats-Unis. Regardez-y de plus près, elle est parfois détournée, parfois exacerbée, mais c’est un fait qui dit quelque chose du retour des peuples. C’est une bonne chose sans doute, en tout cas, je le crois.


C’est le signe que cette mondialisation indifférenciée ne permettait pas de répondre à tout, qu’elle a même échoué de répondre à quelques points, et qu’il nous faut donc en repenser les règles et les usages compte tenu justement de ces échecs, de ces transformations. Ainsi, la véritable question n’est pas tant de savoir si je vais prendre Donald TRUMP par le bras au prochain sommet, mais bien comment nous allons collectivement appréhender ce moment de grandes transformations que nous vivons, et auxquelles nos sociétés sont toutes confrontées.


La grande transformation démographique, qui bouscule aujourd’hui l’Afrique comme l’Europe, et tous les continents, il faut bien le dire. La grande transformation écologique et environnementale, plus criante que jamais. La grande transformation des inégalités et la grande transformation technologique. Le rôle de la France est de proposer une voie humaniste pour relever ces défis, et avec l’Europe précisément, de proposer une nouvelle organisation collective.


Cela suppose avant tout, et c’est le préalable, si je puis dire, de changer quelque peu notre approche diplomatique. On ne peut plus se contenter de suivre les évolutions politiques ou les déclarations des acteurs traditionnels sans essayer de mieux décrypter les identités profondes, les forces qui sont à l’œuvre et déterminent le cours des choses dans de nombreux pays. Nous avons trop constaté, en quelque sorte, ce que nous ne voulions pas voir, d’événements politiques, ces derniers semestres, sans nous interroger sur nous-mêmes, sans regarder assez les identités profondes, les imaginaires collectifs des peuples que j’évoquais à l’instant. Je pense qu’il faut davantage le faire et réinventer nos propres méthodes.


Et parfois, ce que nous ne voulons pas voir advient, parce qu’il y a une logique profonde, propre aux peuples. Il faut sans doute en comprendre davantage l’intimité, pour mieux anticiper ce cours des choses. Mais il nous faut aussi saisir ce qu’il y a de progressiste et d’humaniste dans ces visions du monde, et partant, les voies et les moyens d’initiatives nouvelles, et chercher dans chacun de ces pays nos alliés, les voies de passage, les moyens pour construire de nouvelles coopérations et alliances.


Nous devons accepter de le faire avec des alliances de circonstance, plutôt des alliances tactiques, concrètes selon les sujets, et sur le fondement de principes et d’objectifs clairs, avec toujours le respect de la souveraineté populaire nationale. Je l’ai déjà évoqué. Cela limite l’interventionnisme militaire ou, plus exactement, cela nécessite de toujours inscrire notre action dans une dynamique et un projet politique portés au plus près des peuples. Mais cela signifie aussi que nous devons, à chaque fois, œuvrer pour que tous les acteurs non étatiques contribuent à cette nouvelle régulation du monde, en respectent les règles, et ne puissent en être en quelque sorte les passagers clandestins ou les arbitres cachés.


La réponse ne passe donc pas par l’unilatéralisme, mais bien par une réorganisation de notre action autour de quelques biens communs stratégiques, et par la construction de nouvelles alliances. En premier lieu, c’est en matière de lutte contre le changement climatique, d’abord, l’accord de Paris sur le climat doit continuer à être défendu. Nous voyons tous les jours, avec l’intensification des extrêmes climatiques et des catastrophes naturelles, la confirmation de l’urgence de ce combat. Et nous continuons à le mener, et nous continuerons avec des actions concrètes.


Le Sommet One Planet, dont la France a pris l’initiative avec l’ONU et la Banque mondiale, le 12 décembre dernier à Paris, a permis d’adopter des engagements financiers nouveaux, substantiels. Un nouveau sommet international de suivi sera organisé le 26 septembre prochain à New York. Nous devons continuer à mobiliser tous les acteurs engagés dans cette lutte : entreprises, organisations non gouvernementales, collectivités locales, grandes fondations internationales.


Ce combat pour la planète restera au cœur de notre politique étrangère, comme l’a montré la place prise par ce thème dans les visites que j’ai pu faire au Saint—Siège, en Chine ou en Inde, en particulier avec le premier sommet de l’Alliance solaire internationale que nous avons organisé avec l’Inde. Il doit se traduire aussi par la négociation et l’adoption d’un nouveau pacte mondial pour l’environnement qui est à mes yeux un objectif prioritaire, et qui impliquera la mobilisation de l’ensemble de notre diplomatie, mais également par la préparation active des grandes échéances de négociations sur la biodiversité en 2019 et 2020. Et une mobilisation sur le sujet des océans comme des pôles qui impliquera, là aussi, la mobilisation de nombreux postes.


Cette diplomatie environnementale est majeure pour répondre à ce grand bouleversement du monde. Elle est majeure parce qu’elle caractérise l’engagement français et européen en la matière, parce qu’elle permet de nouer de nouvelles alliances, en particulier avec la Chine et plusieurs autres puissances, et donc construire, là aussi, nouvelle forme de coopération internationale, et parce qu’elle permet très profondément de répondre à nos intérêts, sur le court, moyen et long terme.


Le deuxième bien universel que nous avons replacé au cœur de notre politique de coopération internationale, c’est l’éducation, la culture, le savoir. La France, en effet, a montré son engagement en organisant avec le Sénégal la conférence de reconstitution du Partenariat mondial pour l’éducation à Dakar, il y a quelques mois, qui a permis de lever plus de deux milliards d’euros pour l’éducation dans le monde, en particulier l’éducation des jeunes filles, et pour laquelle, La France a multiplié sa contribution par 10.


C’est à mes yeux tout à la fois notre rôle universaliste et humaniste, mais aussi la contribution la plus essentielle que nous pouvons apporter à la crise démographique que j’évoquais tout à l’heure. Partout où la démographie flambe de manière inconsidérée, c’est parce que l’éducation a reculé, et en particulier, l’éducation des jeunes filles. Et c’est un discours que la France doit savoir porter. Combien ai-je été attaqué lorsqu’il y a un peu plus d’un an, j’ai porté ce discours à Hambourg, mais des dirigeants africains l’ont eux-mêmes repris, porté, et l’appliquent avec courage.


Mais partout où la démographie s’est mise à flamber avec sept ou huit enfants par femme, c’est là où les mariages forcés ont repris, c’est là où l’éducation des jeunes filles a reculé. Et qu’on me présente les pays où toutes les jeunes femmes ont choisi d’avoir huit ou neuf enfants, qu’on me les présente, avant de dire que ce serait une forme de néo-impérialisme que de tenir ces discours à Paris, non, il faut surtout aider ceux qui les tiennent dans chacune de leur capitale.


La lutte pour l’éducation est la meilleure réponse à tous les obscurantismes et les totalitarismes. L’éducation, la culture, l’intelligence sont au cœur de ce combat que nous devons mener partout. C’est la seule réponse durable au défi démographique mondial. Et c’est ainsi que nous lutterons en profondeur contre les inégalités, en particulier entre les femmes et les hommes. Et c’est pourquoi j’ai fait, dans notre pays comme à l’international, de l’éducation une priorité absolue.


Et je crois profondément que sur ce sujet, la France a un rôle inédit à jouer, d’abord, parce que c’est son histoire, sa tradition, depuis un an, nous avons construit une stratégie éducation ambitieuse, de la maternelle à l’université, qui, je crois, donne une crédibilité toute particulière à notre pays en la matière. Mais considérons aussi de plus près ce que nous sommes, et les atouts que nous avons, nous avons à Paris le siège de trois organisations internationales essentielles dans ces domaines : l’UNESCO, dont la nouvelle directrice générale a commencé à mener une action résolue que nous appuyons avec force, l’OCDE, qui a acquis une crédibilité incontestée en matière d’évaluation des performances éducatives, l’Organisation internationale de la Francophonie, dont c’est aussi une ambition forte et une des priorités.


Et nous avons lancé ces dernières années plusieurs projets, l’initiative ALIPH – pour protéger le patrimoine culturel menacé et plusieurs autres – qui accroît encore cette force. Ajouter à cela notre rôle accru au sein du Partenariat Mondial pour l’éducation que je souhaite encore plus actif et présent à Paris, nous avons tout pour faire de la France un écosystème mondial du savoir, de l’intelligence et de la culture, que vous devez faire rayonner à travers le monde, à travers la coopération universitaire, scientifique et de recherche.


Je crois que c‘est à la fois un bien commun essentiel que nous devons défendre, mais je crois que c’est aussi un levier formidable d’influence pour notre pays.


Troisième bien commun, c’est la santé. Sur ce sujet, la France reprendra le fil de ses engagements en réunissant le 10 octobre 2019, à Lyon, la conférence de reconstitution du Fonds mondial contre le SIDA, du paludisme et la tuberculose. Mais d’ici là, je souhaite que nous reprenions avec force l’important combat mené contre les faux médicaments, que la France avait initié, et que nous intensifions notre implication dans la lutte contre les grandes pandémies, je pense en particulier à la lutte contre Ebola en Afrique centrale.


Le quatrième bien commun fondamental, c’est l’espace numérique. Nous devons à la fois accompagner son essor, investir pour la promotion de nos intérêts stratégiques et économiques et encadrer pour qu’il puisse être accessible à tous et protecteur de nos droits fondamentaux. Ce grand bouleversement, c’est exactement le sens du sommet Tech For Good, organisé à Paris au printemps dernier, et que nous renouvellerons chaque année, pour encourager la réflexion sur les régulations indispensables dans ces nouveaux secteurs, avec l’ensemble des acteurs internationaux, et pour prendre aussi des mesures et des engagements concrets. Qu’il s’agisse de fiscalité, de respect de la vie privée, de droits sociaux, d’éthique, nous devons forger des réponses respectueuses de la souveraineté des pays, en n’acceptant jamais que tel ou tel acteur économique, tel ou tel espace de l’activité humaine, puissent échapper à notre souveraineté et à notre vigilance.


C’est le sens de l’engagement que nous avons pris, en particulier avec le Royaume-Uni, au niveau européen comme au niveau international, pour lutter contre la diffusion des messages terroristes, ou des contenus à caractère terroriste. C’est le travail de régulation que nous continuerons à mener au niveau européen et international, pour précisément accroître les bonnes pratiques dans le domaine. Le 12 novembre prochain, à Paris, se tiendront en même temps l’Internet Governance Forum et le CivicTech Forum, qui permettront des avancées sur ces sujets. Je veux faire de la France un centre majeur d’attractivité, mais aussi de réflexion et de construction de ces règles nouvelles, parler des biens communs et de cette nouvelle grammaire de la mondialisation.


C’est également parler de notre organisation collective en matière de commerce. Le commerce international n’est définitivement pas équitable, l’organisation collective que nous avons aujourd’hui n’est pas des plus efficaces, mais y répondre par l’unilatéralisme absolu et la guerre commerciale est la moins bonne des réponses. La réponse doit passer par une refondation en profondeur de notre ordre mondial international. C’est pourquoi j’ai invité dès mai dernier à l’OCDE à lancer un groupe de travail conjoint entre les Etats-Unis, l’Union européenne, la Chine et le Japon.


Nous devons clarifier les règles existantes, améliorer le règlement des différends, adopter une régulation plus efficace sur le plan international et intégrer dans notre politique commerciale nos propres exigences sociales et environnementales. On ne peut pas avoir une politique commerciale qui, en quelque sorte, serait pensée à part de tout.


J’invite ainsi les représentants de ces puissances en marge du 11 novembre prochain à Paris à tenir une première conférence sur ce sujet. Je pense que nous pourrons en quelques mois bâtir un système plus efficace et plus équitable, et que nous pouvons ne pas céder en effet, là aussi, à l’hégémonie de l’un et à la division de tous.


Je crois en effet également qu’en matière sociale, notre ordre mondial peut être bien mieux régulé. Et je pense que les 100 ans de l’OIT en 2019 doivent nous permettre d’aller plus loin et de marquer une nouvelle ambition. Partout où la mondialisation est critiquée, ce qu’on critique, ce sont ces aberrations sociales, ce que critiquent les classes populaires et moyennes, au Royaume-Uni, aux Etats-Unis, comme dans notre pays, c’est le fait qu’elles ne s’y retrouvent plus, que cet ordre a construit des inégalités que j’évoquais tout à l’heure, qui ne sont plus soutenables.


Il nous faut donc les penser, non pas les uns contre les autres, mais construire, comme nous avons su le faire dans d’autres domaines, les voies et moyens d’une coopération internationale, qui puisse nous aider à définir des standards communs, et donc penser, là aussi, la convergence de ceux qui le veulent, la coopération de tous. C’est pourquoi je veux faire de la question des inégalités le sujet majeur de l’engagement français durant l’année qui s’ouvre, notamment au G7, que nous présiderons en 2019.


C’est, au total, cette refondation de l’ordre mondial qui est notre cap. La France et l’Europe y ont un rôle historique à jouer. Je ne crois pas que l’avenir du monde se bâtira sur des hégémonies, ni sur des théocraties, ni sur de nouveaux totalitarismes. Mais cela suppose un sursaut immédiat de notre démocratie. Nous ne gagnerons pas cette bataille en disant simplement que les démocraties ont par définition raison, quand nous voyons partout les extrêmes monter, et cet ordre international se désagréger. Quand je parle d’un multilatéralisme fort, cela suppose de regarder ce qui, pour nos concitoyens, constitue des défis essentiels, et de savoir y apporter une réponse internationale.


C’est bien sur les failles de la gouvernance mondiale et l’affaiblissement des démocraties que la paix chèrement acquise de 1918 s’est brisée au cours des années 30. C’est pourquoi j’ai pris l’initiative d’inviter à Paris, pour les cérémonies du 11 novembre, plusieurs chefs d’Etat et de gouvernement qui inaugureront le premier Forum de Paris sur la Paix. Ce Forum vise à renforcer notre action collective en associant Etats et organisations internationales, au premier rang desquels l’ONU, avec la société civile : les ONG, les entreprises, les syndicats, les experts, les intellectuels, les groupes religieux. La gouvernance internationale doit se décliner concrètement, et chaque citoyen peut y prendre part.


Cette refondation suppose précisément ce temps de réflexion, et ce sursaut commun, c’est celui, j’espère, que nous saurons faire vivre le 11 novembre prochain à Paris. Cette refondation suppose aussi que nous reconcevions nos organisations, nos instruments de concertation et nos coalitions.


En 2019, la France présidera donc le G7. Je souhaite que nous puissions en renouveler les formats et les ambitions. Nous devons, en restant un groupe cohérent porté par des niveaux de développement et d’exigences démocratiques communs, nouer un dialogue constant plus fort, avec la Chine sur le climat et le commerce, avec l’Inde sur le numérique, avec l’Afrique sur la jeunesse. En tout cas, nous ne devons pas reproduire ce théâtre d’ombres et de divisions qui, je crois, nous a davantage affaibli qu’il ne nous a fait avancer. Je proposerai donc d’ici à la fin de l’année aux autres pays membres une réforme, en lien d’ailleurs avec les Etats-Unis, qui prendront après nous la présidence du G7 en 2020.


Dans le monde entier, en Asie, en Amérique latine, en Afrique, ce sont ainsi de nouveaux équilibres, de nouvelles relations qu’il nous faut repenser sur la base du travail en profondeur que je vous ai demandé. Ainsi, en mars et en mai dernier, j’ai proposé à New-Delhi puis à Sydney de travailler à un nouvel axe indo-pacifique stratégique, qui ne doit pas être dirigé contre quiconque et peut être une contribution essentielle à la stabilité internationale. Nous sommes une puissance indo-pacifique avec plus de huit mille hommes dans la région et plus d’un million de nos concitoyens. Nous devons en tirer toutes les conséquences et je souhaite que vous puissiez décliner cet axe de l’océan indien à l’océan pacifique, en passant par l’Asie du Sud Est, de manière résolue, ambitieuse et précise.


Nous devons en effet construire une nouvelle relation à l’Asie. Elle se bâtira notamment autour de notre dialogue essentiel et fructueux avec la Chine. J’ai dit que je m’y rendrai chaque année et j’ai jeté les bases de ce dialogue il y a quelques mois à X’ian. La Chine a posé l’un des concepts géopolitiques les plus importants des dernières décennies avec ses nouvelles routes de la soie. Nous ne pouvons pas faire comme si cela n’existait pas. Nous ne devons céder à aucune fascination coupable ou court-termiste : c’est une vision de la mondialisation qui a des vertus de stabilisation de certaines régions mais qui est hégémonique. Et je souhaite donc que la France puisse porter une voix d’équilibre et de préservation à la fois de nos intérêts et de notre vision du monde dans ce dialogue constructif, exigeant et confiant avec la Chine.


Notre relation avec le Japon est aussi essentielle, qui présidera le G20 en même temps que nous le G7, et qui fut notre dernier invité du 14 juillet avec Singapour et dont l’actuelle saison culturelle en France montre la profondeur de nos liens. Les relations avec l’Inde, la plus grande démocratie du monde, et avec l’Australie, dans le cadre de la stratégie indo-pacifique sont essentielles. Mais c’est plus particulièrement avec l’Afrique que nous devons refonder ces coalitions contemporaines que j’évoquais à l’instant et notre capacité précisément à influer sur le cours du monde.

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https://cn.ambafrance.org/Discours-du-President-de-la-Republique-a-la-conference-des

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