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隔离日记(五): 你认为的被迫“禁足”,其实是很多女性的生活日常

译者:Caro 法语人 2020-10-23


注:文章系法语人专稿。未经授权,谢绝转载。如需转载,请查看“法语人”公众号(ID:fayuren123)菜单栏的转载须知。


法语人按:2020年3月17日中午开始,法国在全境禁止外出集会、家庭、朋友聚会等一切活动。为了记录这一特殊的历史时期,获得过法国龚古尔文学奖的女作家蕾拉·斯利玛尼(Leïla Slimani)在《世界报》上开始连载《隔离日记》


在此之前,法语人已经为大家带来了前4篇隔离日记的原文+翻译


第一篇:“孩子问我,地球是不是累了?
第二篇:大疫过后,能否诞生伟大的文学作品?
第三篇:监禁+隔离,疫情下的法国监狱是怎样的?
第四篇:恐慌蔓延、信仰崩塌,疫情之下如何“体面”生活?


今天,为大家带来该系列的第五篇。



蕾拉·斯利玛尼


摩洛哥裔法籍作家、记者


代表作:《在食人魔花园》《温柔之歌》


2016年凭借小说《温柔之歌》获龚古尔文学奖


斯利玛尼在这篇封城日记中思考的是女性被要求扮演的传统角色。


Dans son journal du confinement, la romancière s’interroge sur le rôle traditionnellement attribué aux femmes.



Journal 5


2020/03/29


禁锢、封闭、停滞本就是女性史的一部分

L’expérience du confinement, de l’enfermement, 

de l’immobilité fait partie de l’histoire des femmes


“女性好像一开始就被禁锢着。大门不出,二门不迈是女人的美德,是与土地、家庭、灶台紧密相连的女人义务。对康德来说,女人是家。持家之道是家庭兴旺的保障。它在女性的身体里生根,规诫着女性,打消她们一切逃跑的念头。”米歇尔·佩罗在《女性的历史》一书中曾就女性出行进行了讨论。


她认为,女性是一种静止的生物,其存在被打上了等待的印记。佩内洛普等待尤利西斯,正如纯洁的少女等待某个男子前来相救,帮助自己完成命运交托的任务。


女人应该“围着炉子”,为了孩子们“在家”呆着。她们是固定的锚,静止的参照,而男人则总是被外面的世界吸引。世界召唤着他们。男人从政,参军,操纵世界。


米歇尔·佩罗

巴黎七大法国历史学家和现代史名誉教授、法国女性权利的斗士。2009年,凭借《房间史》(Histoire de chambres)获得费米娜奖


尤利西斯

尤利西斯是荷马史诗《奥德赛》的主人公,他因参与特洛伊战争,离家二十年,历经磨难,生死未卜。然而,他的妻子佩内洛普十分忠贞,拒绝了所有追求者


« Au premier abord, les femmes semblent confinées. La sédentarité est une vertu féminine, un devoir des femmes liées à la terre, à la famille, au foyer. Pour Kant, la femme est la maison. Le droit domestique assure le triomphe de la maison ; il enracine et discipline la femme, en abolissant tout désir de fuite. » Dans son Histoire des femmes (Seuil, 2006), Michelle Perrot parle du rapport des femmes à la mobilité. La femme, raconte-t-elle, est un être sédentaire dont l’existence est marquée par l’attente. Penelope attend Ulysse comme les jeunes filles vierges attendent un homme qui vienne les délivrer et leur permettre d’accomplir leur destin. Les femmes sont « au foyer », elles doivent être « là » pour leurs enfants. Elles sont un point d’ancrage, un repère immobile tandis que l’homme, lui, est toujours attiré par le dehors. Les affaires du monde l’appellent. L’homme fait de la politique, il fait la guerre, il fait tourner le monde.


👆 佩内洛普和尤利西斯

图片来源:histoire-amour


公共空间在很长时间里都十分不欢迎女性的出现,如今在很多国家仍然如此。如果说女人被困于四壁之间,这也是因为人们对她们并不信任。


在家中,女人生活在监视之下。年轻女孩们被说了多少次:“在家还是去学校”?人们害怕那些在街头游荡、罔顾道德的野丫头们。


在四壁之间,女人的生活是隐形的,日复一日的琐事让人毫无关注的兴趣。喂孩子、照料孩子、洗衣服、哄孩子睡觉。女人被关在一个地方,也是被禁锢在无声之中。因为她们的声音就不该被听到。我常常想到,也许正因为如此,人们才不信任那些读书的女人。因为阅读是一场静止的旅行,一次暂时的越狱,一种无可阻挡的漂泊。


在摩洛哥,有些咖啡馆的露台上是看不到女人的。我记得某天我曾坐在露台上,点燃了一支烟。老板客气地过来请我移步室内。“这会给我惹麻烦的”,他对我说。


摩洛哥目前也戒严了,男人们现在也被迫呆在家中了。我想知道,他们在衡量过自己被剥夺的东西(无法闲逛、无法坐在咖啡厅与陌生人闲聊)之后,会不会想起他们的姐妹、他们的妻子,以及那些早已接受了家、工作、菜场三点一线生活的女人们。


L’espace public a longtemps été, et il l’est encore dans de nombreux pays, profondément hostile à la présence des femmes. Car si elles sont entre quatre murs, c’est aussi parce qu’on se méfie d’elles. A l’intérieur, la femme vit sous surveillance. A combien de jeunes filles dit-on : « C’est l’école et la maison » ? On ne craint rien autant que la fille qui traîne, la fille des rues, qui erre sans but et qui met en danger sa vertu.


Entre ces quatre murs, la vie des femmes est invisible, éternelle répétition de tâches quotidiennes qu’on ne voit même plus. Nourrir, soigner, laver des vêtements, bercer un enfant. Enfermée dans un lieu, la femme l’est aussi dans le silence puisque sa parole n’est pas vouée à être entendue. J’ai d’ailleurs souvent pensé que c’était pour cela que l’on se méfiait tant des femmes qui lisent. La lecture est un voyage immobile, une évasion temporaire hors de notre prison, une errance où rien ne saurait nous brider.


Au Maroc, à certaines terrasses de café, on ne voit que des hommes. Un jour, je me souviens de m’y être assise, d’avoir allumé une cigarette et le patron, très gentiment, m’a demandé de m’installer à l’intérieur. « Ça va me créer des histoires », m’a-t-il dit. A présent que le Maroc est confiné, je me dis que ces hommes sont à la maison, et je me demande si en mesurant ce qu’on leur arrache – la possibilité de traîner, de s’asseoir au café, d’engager la conversation avec un inconnu –, ils pensent un peu à leurs sœurs, à leurs femmes, à toutes celles qui ont intégré l’idée qu’on allait de la maison au travail, du travail au marché, du marché à la maison.



变成女人的尤利西斯


虽然世界上的许多国家并未明文阻止女人离开家,但人们还是明里暗里地鼓励她们尽量留在家里。乘公交车出门?公交车就是地狱。一个人坐在长凳上,还是在公园里?真是疯了。禁锢、封闭、停滞的经验本来就是女性史的一部分。出行的自由曾经是,也一直是我们当中许多人的斗争对象。


社会学家法蒂玛·梅尔尼希在《女性的梦想》一书中讲述了上世纪四十年代,她在摩洛哥菲斯的一个一夫多妻家庭中长大的经历。“在街上自由闲逛是所有女人的梦想”,她这样写道。她的整个童年都在屋顶阳台上或透过百叶窗偷窥外面的世界中度过。她说,她在封闭的生活中梦想成为作家。“我要变成魔术师。我要把文字刻印下来,分享给其他人,让边界消失于无形。”


法蒂玛·梅尔尼希

摩洛哥女性主义作家、社会学家。在国际社会上,为女性权益和伊斯兰文化奔走呼告。


Ulysse au féminin


Dans beaucoup de pays du monde, même lorsqu’elles ne sont pas explicitement empêchées de sortir, tout concourt à pousser les femmes vers l’intérieur. Un trajet en bus ? Un enfer. S’asseoir seule sur un banc, au milieu d’un parc ? Une folie. L’expérience du confinement, de l’enfermement, de l’immobilité fait partie de l’histoire des femmes. La liberté de mouvement a été et continue d’être un combat pour des millions d’entre nous.


Dans son livre Rêve de femmes (Albin Michel, 1996), la sociologue Fatima Mernissi raconte son enfance dans un harem de Fès dans les années 1940. « Errer librement dans les rues était le rêve de toutes les femmes », écrit celle qui a passé son enfance à épier le dehors, depuis le toit terrasse ou les persiennes. C’est là, dit-elle, dans cet enfermement, qu’elle se rêve écrivaine. « Je me ferai magicienne. Je cisèlerai les mots pour partager les rêves avec les autres et rendre les frontières inutiles. »



我想到了另一个女人。她就是美国女性主义者格洛丽亚·斯泰内姆。她选择了终身当游民的生活,选择了没有终点的旅行。她是变成女人的尤利西斯。而这个尤利西斯并不梦想伊萨卡岛(译者:尤利西斯的故乡)。她没有回归的地方,只有待发现的地方。


斯泰内姆生于1934年。当时,传统的家庭是一个陷阱,而完美的美国主妇形象不过是为了陪衬男人。把家里打理得井井有条,干干净净,从炉子里拿出飘香的蛋糕,这个想法只让她反感。读读她的自传《我的大路生活》,就会明白旅行对女人来说是有多么强烈的政治意义。


大路象征着自由、改变的欲望和邂逅他者/她者的渴望。行路是对保守与异化的拒绝。


Une autre femme me vient à l’esprit et c’est la féministe américaine Gloria Steinem. Elle a choisi la vie de l’éternelle nomade, de voyageuse sans fin, elle est une sorte d’Ulysse au féminin mais une Ulysse qui ne fantasmerait pas Ithaque, qui n’aurait pas de lieu où revenir mais que des lieux à découvrir.


Pour elle, née en 1934, le foyer traditionnel n’était rien d’autre qu’un piège, et l’image de la parfaite ménagère américaine un repoussoir. L’idée d’une maison bien rangée, qui sentirait le propre et le gâteau sorti du four, ne lui inspirait que méfiance. Il faut lire son autobiographie, Ma vie sur la route (Harper Collins, 2019) où elle montre à quel point le voyage est politique pour une femme. La route incarne la liberté, le désir de changement, la soif de rencontrer l’Autre. Elle est refus des conservatismes et des aliénations.


👆 斯泰内姆

图片来源:roaditude


我的祖母来自阿尔萨斯,她在四十年代到摩洛哥定居时,注意到了公共空间里没有性别混合的人群。她的婆婆在一个传统家庭中过着禁锢的生活,她的小姑总是偷偷摸摸地出门。我的祖父喜欢去咖啡馆,当然是和男人们在一起。他一刻也不曾想象过自己的妻子能够陪他一起去。


然而,当我的祖母看到丈夫准备出门时,她便脱下围裙,跑着跟在他后面。“我也去”,她说道。没有任何事,任何人能够阻止她这么做。


Quand ma grand-mère, alsacienne, s’est installée au Maroc à la fin des années 1940, elle a découvert cette absence de mixité dans l’espace public. Sa propre belle-mère vivait confinée dans une maison traditionnelle et sa belle-sœur sortait en cachette. Mon grand-père aimait aller au café, entre hommes bien entendu, et il n’imaginait pas un instant que sa femme puisse l’accompagner. Pourtant, quand elle le voyait prêt à partir, ma grand-mère enlevait son tablier, elle se pinçait les joues et elle suivait son mari en courant. « Je viens avec », disait-elle. Et rien ni personne n’aurait pu l’en dissuader.



以上就是蕾拉·斯利玛尼《隔离日记》的第五篇,如果对译文有什么意见,欢迎指出~


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译者:Caro

审编:沐橙园、yolanda

图片:pixabay

注:文章系法语人专稿。未经授权,谢绝转载。如需转载,请查看“法语人”公众号(ID:fayuren123)菜单栏的转载须知。



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