卢沙野大使就佩洛西窜访台湾和涉疆问题接受法国LCI电视台直播专访
Interview accordée par l’Ambassadeur LU Shaye à LCI
sur la visite de Nancy Pelosi à Taiwan et la question liée au Xinjiang
Le 5 août 2022, l’Ambassadeur de Chine en France LU Shaye a accordé une interview à LCI sur la visite de la présidente de la Chambre des représentants américaine Nancy Pelosi à la région de Taiwan de la Chine et la question liée au Xinjiang. Voici l’intégralité de l’interview :
Q :Bienvenue au Grand Entretien de LCI avec LU Shaye, Ambassadeur de Chine en France. Bonsoir Monsieur, merci d’avoir accepté notre invitation ce soir sur le plateau de LCI.
R: Bonsoir.
Q :Alors on a dit avions et navires de guerre pour les plus grands exercices militaires jamais organisés par la Chine près de Taiwan. La Chine surréagit, dit Anthony Blinken. Est-ce que finalement il n’a pas raison quand on voit l’ampleur que tout ça est en train de prendre alors que Nancy Pelosi est déjà partie depuis près de 48h ?
R :C’est la réaction de la Chine à la visite de Nancy Pelosi qui est une action outrancière pour elle. Parce que cette visite a violé gravement la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale de la Chine et le principe d’une seule Chine respecté ouvertement par l’administration des États-Unis. Il faut trouver l’origine de la crise. L’origine, c’est la visite de Nancy Pelosi. Il ne faut pas couvrir les contrevenants et blâmer la victime des fautes du coupable.
Q : Mais je suis obligé de vous dire que vous parlez de «violer la souveraineté ». Cela était une visite en tant que représentante, pas du tout en le nom de Joe Biden. Elle n’a pas pris part plus que qu’elle ne l’a fait par avant pour Taiwan. Qu’est-ce qui vous a gêné dans le fait qu’elle vienne ? C’est-à-dire que techniquement le dossier n’a pas avancé davantage entre la reconnaissance de Taiwan ou le rattachement à la Chine, il n’y a absolument rien de nouveau. Ça a été une visite que nos téléspectateurs comprennent bien, ce qui vous a choqué dans ce déplacement.
R : La Chine et les États-Unis ont des relations diplomatiques. Dans le communiqué conjoint sino-américain sur l’établissement des relations diplomatiques, les États-Unis se sont engagés que «Les États-Unis d’Amérique reconnaissent le gouvernement de la République populaire de Chine comme l’unique gouvernement légal de la Chine. Dans ce contexte, le peuple des États-Unis maintiendra des relations culturelles, commerciales et d’autres relations non officielles avec la population de Taiwan ». Madame Pelosi est le troisième personnage du pouvoir fédéral des États-Unis. Sa visite à Taiwan n’est évidemment pas une visite non officielle. Elle a contacté la numéro une des autorités de Taiwan. Ce n’était évidemment pas un contact non officiel. C’est pourquoi cela a enfreint l’engagement pris par l’administration des États-Unis. Et d’ailleurs, cela va à l’encontre du consensus international accrédité par les Nations Unies dans la résolution 2758 de l’Assemblée générale de l’ONU en 1971. On dit que cette visite n’est pas sans précédent. Mais le précédent était une erreur. Une erreur ne doit pas être un précédent. Si un homme a tué une personne, est-ce qu’il a le droit d’en tuer une autre pour la deuxième fois ?
Q : On ne peut pas comparer la visite de Nancy Pelosi à la mort d’une personne. Elle n’a tué personne.
R : C’est presque la même chose. Une erreur ne peut pas constituer un précédent. Les Américains doivent en tirer la leçon, au lieu de répéter la violation de la souveraineté nationale et de l’intégrité territoriale de la Chine.
Q : Ce qui vous pose problème, c’est ne pas considérer la Chine comme la Chine unique. Mais rien de ce qu’a fait ou dit Nancy Pelosi ne va dans le sens inverse. Elle n’a jamais remis en question la Chine unique, elle reste sur cette ligne-là. Joe Biden aussi, par ailleurs.
R : Même si le gouvernement américain réitère qu’il s’en tient au principe d’une seule Chine, son action a déjà violé ce principe. Ils ont déjà vidé, dénaturé et obscurci ce principe. Ils ont changé.
Q : Est-ce que vous pensez que si cette visite avait été annoncée et même préparée avec le gouvernement chinois, elle aurait pu se faire dans de bonnes conditions et qu’elle aurait pu se faire tout court? Est-ce que vous auriez accepté ?
R : Non, on ne l’acceptera jamais. Parce que ce sera une action en violation avec le principe d’une seule Chine et la souveraineté chinoise. Avant la visite de Nancy Pelosi, le gouvernement chinois a effectué des démarches à répétition auprès de différentes institutions américaines à tous les niveaux et jusqu’au sommet de l’État, pour leur demander de convaincre Nancy Pelosi d’abandonner cette visite. Mais rien n’y fait. Je pense qu’une dame de 80 ans ne doit pas être aussi capricieuse qu’un enfant de huit ans.
Q : Mais c’est vrai que c’est un caprice?
R : Oui, parce qu’elle s’obstine à effectuer cette visite, quitte à sacrifier les relations bilatérales sino-américaines, à mettre en péril la vie des 23 millions d’habitants de Taiwan, et à mettre à mal la paix et la stabilité de la région Asie-Pacifique, au seul profit de son intérêt politicien égoïste.
Q : Justement, on a bien vu ces exercices militaires que la Chine a menés: manœuvres navales, manœuvres aériennes... Quel est le but de tout cela ?
R : C’est pour préserver la paix et la stabilité...
Q : Pourquoi ces manœuvres préservent la paix?
R : S’il n’y a pas eu de manifestation de la détermination résolue de l’armée chinoise de préserver la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale du pays, les États-Unis et la force sécessionniste de Taiwan vont continuer à avancer l’approche de «couper les saucissons » et peu à peu réaliser la soi-disant indépendance de Taiwan.
Q : Est-ce que ce serait vraiment si grave, l’indépendance de Taiwan? Je sais que la Chine estime que Taiwan fait partie de son territoire et qu’elle entend à terme la récupérer, si j’ose dire, à arrêter cette indépendance de fait. Mais aujourd’hui, est-ce que ce n’est pas dans le sens de l’Histoire de se dire que ce territoire doit finalement être indépendant ? Il ne partage pas grand chose avec le mode de vie de la Chine, avec son économie. Tout est différent.
R : Il faut étudier l’histoire pour mieux connaître la question de Taiwan. On peut dire que cette question est léguée par les Américains après la Deuxième Guerre mondiale. Taiwan a été sous l’administration de la Chine depuis 230 apr. J.-C. - de l’époque de l’Empire romain - beaucoup plus tôt que l’apparition de la France. Entre Taiwan et la partie continentale de la Chine, il y a des liens très serrés: civilisation, culture, économie et d’autres. Par exemple, les Taiwanais parlent le chinois et la dirigeante actuelle des autorités de Taiwan Tsai Ing-wen est d’origine de la partie continentale de la Chine. Ce sont des Chinois.
Q : Mais justement si même eux ont envie peut-être de prendre leur envol et de s’émanciper, est-ce que qu’il faut entendre aussi ce qui est réellement en train de se reproduire ?
R : Ce n’est pas la population de Taiwan qui veut réellement la séparation. C’est à cause de la propagande antichinoise et de «désinisation » effectuée par les autorités actuelles de Taiwan. Il y a dix ou 20 ans, la majorité de la population de Taiwan était favorable à la réunification.
Q : Mais les choses changent et le monde évolue.
R : Puisque le monde change maintenant, alors le monde changera après. La dernière fois que j’ai accordé l’interview à BFMTV, j’ai dit qu’il faut faire une éducation...
Q : Qu’est-ce que vous voulez dire par «rééduquer » ?
R : Pourquoi je dis «rééduquer » ? Parce que maintenant les autorités de Taiwan ont fait une éducation de « désinisation » sur leur population. La population de Taiwan est effectivement endoctrinée et intoxiquée. Il faut la rééduquer pour éliminer la pensée séparatiste et la théorie sécessionniste.
Q : Comment vous faites ? Comment vous rééduquez ? Parce que moi, ce que j’entends, c’est l’endoctrinement contre l’endoctrinement.
R : Comme ce qu’on fait en France. En France, le gouvernement fait l’éducation des valeurs républicaines dans les écoles, n’est-ce pas ?
Q : Mais ensuite le citoyen se fait son avis sur si une région comme la Corse ou la Bretagne a envie d’être indépendante. On ne lui enseigne pas ce qu’il faut choisir, quelle voie ou appartenance pour une région il faut choisir. Telles qu’elles sont.
R : Dans chaque pays, il faut avoir une valeur majeure, n’est-ce pas ? Il faut le faire à l’aide de l’éducation. L’opinion publique est influencée par la communication. Maintenant on voit que les autorités de Taiwan s’affairent à faire cette propagande et ont même opprimé le Kuomintang qui était favorable à la réunification. Le célèbre Consensus de 1992 consistant à reconnaître le principe d’une seule Chine a été atteint lors de la gouvernance du gouvernement de Kuomintang en 1992. Mais après la prise de pouvoir du Parti démocrate progressiste, ils ont rejeté ce consensus. La base politique entre les deux côtés du détroit est détruite.
Q : Vous parlez d’une propagande antichinoise, mais dans quel intérêt et quel but ?
R : Pour réaliser leur objectif de séparer la Chine et de réaliser la soi-disant indépendance de Taiwan. Mais avant leur gouvernement, il n’y avait pas cette opinion publique. L’opinion publique était à cette époque-là favorable à la réunification.
Q : On a beaucoup comparé récemment à ce qui se passe entre la Chine et Taiwan et ce qui s’est passé entre la Russie et l’Ukraine. Qu’est-ce que vous pensez de cette comparaison ?
R : Tout d’abord, il y a la différence entre les deux. Taiwan n’est pas l’Ukraine. L’Ukraine est un pays souverain. Taiwan n’a jamais été un pays souverain. Elle fait partie intégrante du territoire chinois. Et il y a aussi une similitude. C’est que derrière ces deux crises il y a une main noire, c’est les États-Unis. Ils veulent jeter le feu sur la poudre au détroit de Taiwan pour créer une autre crise à part la crise ukrainienne.
Q : Là aussi je vous pose la question: dans quel intérêt ?
R : Je pense que maintenant les Américains sont très inquiets de perdre leur influence sur le monde, n’est-ce pas? On pourrait voir que dans la crise ukrainienne, la plupart des pays en développement et des pays émergeants ne sont pas d’accord avec le groupe occidental et l’alliance occidentale. Ils ne participent pas aux sanctions vis-à-vis de la Russie. L’influence des États-Unis se diminue de plus en plus, aussi dans la région Asie-Pacifique. Parce que dans cette région, tous les pays ont une volonté de développer l’économie et d’améliorer la vie de leur population. On a chèrement obtenu une situation paisible et prospère. Mais maintenant les États-Unis veulent troubler la situation de la région. Ce n’est pas dans l’intérêt de tous les pays de la région. C’est dans l’intérêt des États-Unis pour sauver leur hégémonie.
Q : Est-ce que certaines parties du continent asiatique, à plus forte raison la Chine, n’a pas développé une espèce de peur irrationnelle des États-Unis?
R : Ce n’est pas irrationnel. La Chine applique toujours une politique de paix et d’indépendance avec tous les pays du monde, y compris avec les États-Unis. Notre principe dans les relations bilatérales sino-américaines, c’est le respect mutuel, la coexistence pacifique, la non-confrontation et la coopération gagnant-gagnant. Nous n’avons pas une panique excessive. Ce sont les États-Unis qui agissent toujours contre la Chine pour contenir la montée en puissance de l’économie chinoise. Par exemple ils ont imposé de lourdes taxes douanières sur les marchandises chinoises. Ils ont mis plus d’un millier d’entreprises et entités chinoises sur la liste de sanctions, et veulent faire le découplage avec la Chine et couper l’approvisionnement des puces des entreprises chinoises.
Q : Tout à l’heure vous avez parlé de l’Ukraine comme d’un pays souverain. C’est assez rare d’entendre la Chine s’exprimer à propos de l’Ukraine. On sait que la Chine est un pays ami de la Russie. Est-ce qu’aujourd’hui on peut avoir quelque chose de clair, une prise de position franche et massive concernant la situation en Ukraine et la guerre que mène Vladimir Poutine sur ce sol?
R : Pour la crise ukrainienne...
Q : Vous ne parlez pas de guerre ?
R : On préfère de l’appeler une crise qui a une influence mondiale. La position du gouvernement chinois est constante. Le Président XI Jinping a avancé une initiative pour la sécurité mondiale en six points. Nous préconisons toujours de respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de tous les pays, y compris de l’Ukraine. Et nous préconisons de tenir compte des préoccupations sécuritaires légitimes de tous les pays, y compris de la Russie. Parce que l’origine de la crise ukrainienne remonte dans les années 90, aux cinq cycles d’élargissement de l’OTAN qui ont posé une question grave de sécurité à la Russie. La Russie a proposé à plusieurs reprises de négocier à la table cette question, mais elle a été refusée par les États-Unis et l’OTAN. Donc la crise, ça fait comme ça jusqu’à aujourd’hui.
Q : Il y a une dernière question que j’aimerais vous poser - je ne peux pas ne pas vouloir vous la poser - sur le sort des Ouïghours. Il y a des documents qui attestent de beaucoup de choses très négatives et néfastes qui se passent actuellement au sujet des Ouïghours. Est-ce que le gouvernement chinois continue de nier ces camps de rééducation justement en rejetant sur ce mot qu’on a vu ça et là ?
R : Cette question n’a rien à voir avec le sujet d’aujourd’hui.
Q : Absolument.
R : Tout ce dont on parle ici en France est pour la plupart fake news ou mensonges créés par les forces antichinoises étrangères. On parle du «génocide », du « travail forcé » et de la « stérilisation ». Il faut respecter les faits. S’il existe un génocide, comment la population des Ouïgours au Xinjiang peut-elle augmenter en 40 ans de 5,5 millions à 12 millions ? Il y a quelque temps, la Haute commissaire des droits de l’homme Madame Bachelet a visité Xinjiang sur l’invitation du gouvernement chinois. Elle l’a visitée librement. Elle est allée là ou elle veut aller et a rencontré qui qu’elle veut rencontrer. Après sa visite, elle a fait une déclaration et présenté le résultat de sa visite. Les pays occidentaux n’en sont pas satisfaits parce qu’elle n’a pas accusé le gouvernement chinois. Mais elle a raconté la réalité. Aucun pays musulman dans le monde n’accuse pas le gouvernement chinois, n’est-ce pas ? Avant l’épidémie de la COVID-19, chaque année il y avait 200 millions de touristes qui visitent le Xinjiang, y compris 2 millions de touristes étrangers. Mais personne n’a pas parlé de ces accusations dans les réseaux sociaux.
Q : Merci de nous avoir exposé votre point de vue sur tous ces sujets. Merci beaucoup LU Shaye d’avoir été en direct avec nous sur LCI.
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