法语朗读者:马克龙演讲文稿朗读
马克龙西安演讲少儿朗读版
对学法语的人来说,马克龙总统的这篇演讲稿是最好的学习材料。不管是文章结构还是语言层次都属精品。如果有人可以耐心读完全稿,一定会在法语水平和历史文化知识方面上一个大台阶。今天恒哥的朗读也非常赞!速度情绪控制得不错。我们会分四次刊出全稿的文字和音频。
Merci beaucoup, Monsieur le Vice-présidentde l’Assemblée nationale populaire de Chine. Monsieur le Vice-gouverneur,Monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs les ministres et les parlementaires,Monsieur le Président.
Je suis très heureux aujourd’hui d’avoirl’opportunité de m’exprimer devant vous après cette matinée passée à vos côtésdans cette magnifique ville de Xian. Depuis longtemps, la Nation françaises’est contemplée au miroir de la Chine, en elle se sont agrégées au fil dessiècles la pensée, la poésie, l’art, mais aussi une réflexion sur la guerre, lepouvoir, la vie humaine et tout un imaginaire d’aventures et de voyages autourde marchandises extraordinaires et de découvertes singulières.
C’est la Chine des marchands, découvrantavec Marco Polo, et à sa suite les usages et les trésors d’une civilisationméconnue et mystérieuse, empruntant ces routes de la soie, auxquelles vousdonnez aujourd’hui une signification et une grammaire nouvelles. Il fautimaginer les caravanes arrivant dans l’oasis de Dunhuang, trésor de votrecivilisation, au milieu des montages de sables qui résonnent.
Dans le lot de denrées, de marchandises, se chargeaient, comme Marguerite YOURCENAR le fait dire à Hadrien, un certainnombre de pensées, de mots ou de coutumes, qui peu à peu s’empareraient duglobe plus sûrement que les légions en marche. Ils rapportaient de leurspérégrinations des objets et des matières inconnues, dont aussitôt la France etd’autres pays européens raffolèrent, non pas pendant le temps éphémère d’unemode, mais avec l’intensité d’une découverte venant s’inscrire dans notre patrimoine propre. Il n’est guère de château royal qui ne comporte son salonchinois, guère d’artistes, d’artisans, d’ingénieurs qui ne se soient trouvésfascinés par les styles et les techniques venus de Chine.
Cela perdure encore aujourd’hui, car laChine est ce pays d’inventeurs et d’ingénieurs qui sans cesse inventent l’avenir. Cette Chine des marchands, c’est aussi celle des diasporas, qui, àtravers le monde, ont progressivement transformé les villes, et dont la Frances’honore, qui a la première diaspora chinoise d’Europe. C’est la Chine desguerriers, dont je viens de voir dans la nécropole les statues de terre cuitealignées, nourries de symboles et de respect pour la figure du soldat chinois,une figure autour de laquelle se construit l’art chinois de la guerre, porté àson sommet par Sun TZU, connu des Européens depuis le 18ème siècle, et où vontencore puiser les élèves de nos écoles militaires.
Nous partageons ce même respect du soldat,ces honneurs dus aux militaires et à ceux qui tombent pour leur patrie ou dansun juste combat, je rends hommage ici à tous vos compatriotes, inhumés aucimetière de Nolette, dans cette terre de Somme qui m’est chère ou dans d’autres lieux. Ce n’était pas simplement des soldats, mais pour la plupartd’entre eux, ce n’était pas des soldats du tout, mais des travailleurs chinois,venus soutenir l’effort de la France pendant la première guerre mondiale.
Ils furent plusieurs milliers affectés àdes tâches arides dans les mines, les tranchées, les usines, auprès dessoldats, des malades, du peuple français. Certains sont restés fonder unefamille, d’autres sont repartis, et beaucoup aujourd’hui reposent sur notresol. A quelques mois de la commémoration de la fin de ce conflit mondial, jeveux que nous nous souvenions d’eux, qui furent nos frères dans ces heurestragiques. C’est aussi la Chine des écrivains et des penseurs, celle que voicipresque 450 ans découvrit la première mission jésuite.
Celle que depuis nous ne cessons, nous,Français, de scruter et d’interroger, c’est que depuis le début, nous percevonsdans la manière de penser chinoise une vision du monde, ancrée dans d’autres croyances, d’autres concepts que les nôtres. Et cependant, dans cettedifférence même, nous trouvons depuis plus de 200 ans de quoi remettre en causenos propres croyances, mais aussi de quoi croire en une communauté humaine, carbien souvent, cette différence est convergence, ce sont nos poètes qui l’ont lemieux sentie. Ainsi votre poète Wang Bo selon lequel quelqu'un qui vouscomprend même au bout du monde, est comme un voisin ou Victor-Segalen, venuchercher en Chine les briques et les tuiles de sa poésie et découvrantici-même, à Xian, l'odeur fade et riche des siècles enfouis.
Ainsi, Paul Claudel tirant ses vers d'unetraduction minutieuse, personnelle profonde du livre de Jade. Ainsi, Saint-JohnPerse, écrivant « Anabase », d'après des poèmes chinois, et je surprendraissans doute nombre de Français en rappelant ici que le rouge et le Noir deStendhal, dont un exemplaire ne quitte jamais mon bureau, a connu chez vous àCaen plus de 20 traductions depuis 1947. Et que depuis de longues années, vouscomptez des traducteurs de très haut niveau, qui inlassablement, traduisent,interrogent, publient notre littérature. Et nous avons vu il y a quelquesinstants des religions qui nous sont familières, revisitées par ce dialoguepermanent et ce syncrétisme dont la Chine a le secret. Rien ne remplace cecontact fécond entre nos deux langues, nos deux univers, nos cultures, preuve constamment apportée que le dialogue est possible, et surtout qu'aucune de nos cultures n’est un bloc. Il y a plusieurs théories sur la Chine.
Et lorsqu’on vient d’Europe et qu’oncherche à comprendre, et se frayer un chemin, il y a ceux qui vous disent :c’est un continent incompréhensible, en Chine, on ne rentre jamais, c’est bloccontre bloc, et on fait semblant de se frayer des passages les uns et lesautres feignent en quelque sorte de se comprendre. Je ne crois pas, pour toutesles raisons que je viens d’évoquer, à cette théorie. Il y a des intraduisibles,il y a des gouffres qu’il nous faut parfois réduire, mais il y a toujours desvoies et des chemins, fruits de ce dialogue, il y a toujours les périphrasesque nous devons trouver, pour progressivement circonscrire ces intraduisibles et trouver les chemins qui nous lient, parce que la culture chinoise comme laculture française, doivent s’appréhender dans toutes les nuances de leurévolution historique, de leur sensibilité intellectuelle, esthétique,politique, géographique, et parce que c’est notre histoire même, c’est ce quedémontre notre admirable école de Sinologie, de CHAVANNES à VANDERMEEERSCH, deMarcel GRANET à François JULLIEN, de Henri MASPERO, à Anne CHENG, en passantpar tant d'autres décrypteurs de toutes les complexités de la pensée chinoise.
La sinologie en Europe est née en France.Les philosophes et les historiens du 19ème siècle se réfèrent à chaque fois àdes Français pour essayer de comprendre la Chine. Et nous avons dans ce dialogue toujours fructueux, et qu'il faut aborder avec humilité, une relationtrès particulière : celle d'avoir toujours eu en quelque sorte l'exclusive dece point de passage, lorsqu'un Européen, pendant des décennies, a voulucomprendre la Chine, il est passé par un sinologue français, et bien souvent,lorsque les Chinois voulaient passer vers l’Europe, pour la comprendreintimement, ils passaient par cette même France.
La sinologie européenne continue à seréinventer aujourd'hui en France, demeure une discipline maîtresse de notrepaysage intellectuel et l'Inalco en est depuis plus de deux siècles le cœurbattant. Aussi, il nous faut des détours, de l'humilité, l'intimité profonded'un dialogue parfois long, mais toujours parce qu'il y a ce respect, cettefascination réciproque, cette curiosité amicale, il y a un chemin de passage.Notre histoire montre que nous nous sommes toujours enrichis de nosdifférences, mais que par l'œil, par l'oreille, par le verbe, nous avonstoujours trouvé la voie d'un échange. Nous trouvons beau ce que vous trouvezbeau. Ainsi de ce palais impérial de Damingong, berceau de la dynastie des Tanget de tant de hauts lieux de votre art, de votre histoire, que la France depuis2016 s’est engagée à préserver et à restaurer à vos côtés.
Cet attachement commun aux lieux, à ce qu'ils racontent,à ce qu'ils disent de vous n'est pas anodin, car cela démontre que nous partageons plus profondément un sens commun de l'histoire du monde et de sespeuples. Et là-dessus, par-delà les routes sinueuses des événements, nousfondons une grande amitié. Le général de Gaulle ne s'y est pas trompé lorsqu'en 1964, décidant de reconnaître la République populaire de Chine, il parle, je le site, du choix de la raison, mais il parlait aussi, un peu plus loin dans son discours, du choix de l'évidence, et c'est cette évidence aujourd'hui qui encore et toujours nous frappe, l'évidence d'une relation séculaire, l'évidence d'un souci conjoint d'appréhender le monde dans sa complexité, l'évidence d'unavenir partagé devant des enjeux aujourd’hui communs.
L’évidence enfin que nous ne sommes pas seulement deux nations, nous sommes deux civilisations, c'est-à-dire deuxpeuples qui depuis des siècles mettent en œuvre, dans tous les domaines, unecertaine conception de l'homme. L'humanité aujourd'hui est tout entière à uncarrefour, son avenir est engagé. De l'évidence de notre relation, nous devonstirer l'évidence d'un destin commun. C’est cela ce que je suis venu vous direaujourd'hui. Et ce destin fait de causes, de combats, d'intérêts partagés s'articule autour de trois notions centrales, l'intelligence, la justice etl’équilibre. L'intelligence d'abord, c'est cette volonté de déchiffrer le monde pour en faire naître le meilleur.
Ma conviction est que, l'entente entre l'Europe, la France et la Chine, autour de principes et de projets définis encommun, peut, si nous savons nous y engager, être cette rencontre desintelligences au service du meilleur. Je suis venu, comme on le dit en Chine,vous proposer de lancer une brique pour obtenir du jade. Le monde a besoin decette intelligence partagée pour enrayer la marche accélérée de toutes lesformes d'obscurantisme, le terrorisme islamiste qui s'alimente partout descrises, de la fragilité des Etats, de l'instabilité, le nationalisme aveuglequi recherche pour elle-même la confrontation brutale et mène toujours à la guerre, le repli sur soi, nourri de l'illusion de se protéger du monde, les omnambulisme parfois aussi face aux conséquences du dérèglement climatique, qui remet en cause la possibilité même de la vie sur terre.
Face à tous ces défis, de nature diverse,c'est la même question qui nous est posée, celle de savoir comment ensemble faire triompher l'intelligence face à ceux qui font le pari du repli, del'obscur, de la renonciation. La Chine et la France ont à cet égard uneresponsabilité immense face à tous les conflits ou toutes les tentatives deconflit, face aux oublis ou aux irresponsabilités. Le monde a besoin de cetteintelligence partagée pour surmonter les peurs à l'origine de ces fléaux, etces peurs existent, et elles sont parfois réciproques, ces peurs existent enEurope vis-à-vis de la Chine, il serait absurde de les nier, il faut lesregarder en face.
Vous avez su, en une génération, trouver envous la force de devenir l'une des toutes premières puissances au monde, etvous vous donnez maintenant l'ambition d'entrer en eaux profondes. Si le monden'a pas tremblé, il en est profondément changé. Précisément, la rapidité de cechangement peut susciter des craintes, parce que tout ici est plus massif, plusfulgurant, plus assertif qu'ailleurs. Le seul moyen de surmonter ces craintesest le travail de compréhension sur ce que signifie pour chacun d'entre nous la puissance.
朗 读 者
小恒:11岁,父母均为法语专业毕业,3岁开始把法语作为教育语言。不喜欢运动的小暖男,喜爱钢琴和绘画。爱聊天的恒哥可以和你从老庄、六祖坛经、孙子兵法聊到欧洲文明起源、克隆对伦理的挑战…… 音乐、涂鸦、阅读是目前恒哥的最爱。
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