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什么是批评:去爱,去爱——《电影手册》最后的卷首语

深焦DeepFocus 深焦DeepFocus 2020-08-26


《电影手册》765期,2020年4月
https://www.cahiersducinema.com/produit/edito-n765-avril-2020/
L’art d’aimer l’art d’aimer
作者:Stéphane Delorme (《电影手册》主编)
翻译:Maud、十二辰子、Suzie
本期手册险些因新冠疫情的隔离措施而未完成,但早前我们宣布4月刊是目前编辑团队主导的最后一刊,我们想善始善终。在3月18日至27日期间,原本很多需要团队聚会商讨(插图,版面设计)的工作,我们最终只得通过线上交流来完成。在所有事情都完成的那一刻,我们其实并不知道该以怎样方式去发行本期手册。这一期较以往不同的是几乎没有影评专栏,因为大多数影片都被延期上映了。借此机会,我们想反思并讨论激励鼓舞我们的评论事业。
我们自然要从我们的所在之处说起。如果《电影手册》有某种特色,那一定是“爱的艺术”,之于让·杜谢(法国著名影评人、前手册主编)意味着电影评论事实上有两层含义。影评是一种爱的艺术是因为电影是一种爱的艺术。两个动作之间其实有一种连续性。是同一回事。而当我们厌恶也是因为我们热爱着热爱,这是以我们喜欢的想法、我们捍卫的准则、我们拥护的理由为名的。在特吕弗在1958年11月发表于《艺术》期刊,为了缅怀死于40岁那年的安德烈·巴赞而写就的一篇颠覆性的文章中,他描绘出一个圣人的形象,一个好人的存在,以及对对话之不可摧毁的绝对力量的慷慨信徒:对特吕弗而言,在20岁的年纪加入《手册》,对他来说这已成为杂志一种迷人的传统,创办者就如同罗西里尼《圣弗朗西斯之花》中的圣弗朗西斯。我们从未如此生硬地说,但这正是《手册》萌发的爱。巴赞式的现实主义是爱的另一种名称。拍摄真实是因我们热爱它。拍摄演员是因为我们热爱他们。拍摄树,大海和风,也都因我们对其热爱。电影是对于生活一首爱之赞歌。这正是《手册》学习的。正因如此,汇集于此的思想式的评论同众多其他形式的影评不同,那些评论只判断电影拍得好与坏。也正因如此,思想式的评论既尖锐又中肯:为了捍卫和保护那些被疼爱的。当我们热爱生活,我们去电影院,而当我们热爱电影,我们就要捍卫它。反对工业和市场的侵蚀;反对陈词滥调、殷勤讨好;反对耗损我们感知度的一切事物。戈达尔,从始至终:正是因为他热爱且懂得热爱,才会如此无情。像菲烈·卡特林如此动情地唱道 “您是如此无情正因您易动情,您如此易动情正因您无情”。 所有被手册捍卫的电影人都懂得热爱。不幸的论证,是指一个影人不热爱他的人物,不热爱他的演员,不懂得如何热爱:他只管自吹自擂,只想吸引周围人的眼球,只会耍小聪明,或者更糟的,做些下流的事。所有意欲压制的电影人(最近几年他们已然为数众多)都会“出局”!巴赞曾说过千万次:电影是一种及物的艺术,只有当我们拍摄他者而忘却自我时才有意义。
现实主义反而是最伟大的浪漫主义。这是巴赞搭建的桥梁。现实主义不是琐碎事务的自然主义呈现、事实陈述枚举,抑或肮脏的小秘密,而是电影的浪漫主义。《电影手册》,是施莱格尔兄弟1789年《雅典娜神殿》(译者注:《雅典娜神殿》是德国早期浪漫主义的文学批评杂志)的复苏。电影在1951年确立为艺术,因为它拍摄真实、热爱真实,而不是因其模仿其他艺术而记录。然而在¨爱的艺术里¨,是有¨艺术¨的:只有行为才算数,而评论的目的是批评行为:我们如何拍摄身体? 我们如何剪辑两个镜头、一帧画面与一轨声音?电影所有维度地展开使生命更加鲜活,吸引着它,以及热爱它。林奇面对自己的作品欣喜若狂(“是这么美啊,这么美。”) ,且如此向我们呈现他所感受到的世界,以至于我们也能看到。当然,浪漫主义认为腐尸也是美的,一束花,一颗草,一抹蓝天或阴霾。美,美之万岁。视觉延伸的极限是什么?我们能一直望到星星吗?由电影创造美,而不仅仅是看到美,因为美是激励人心的,启迪人们达到它的高度(雷诺阿,以及布列松)。还有在适当的时刻,捕捉转瞬即逝之美,如若持续太久则会毁掉它。电影之力需由爱来解开,是连续的爱的扣环让我们喜欢一部电影:充斥其中的情感,对于每个细节和整体辩证的用心,为了作品而不遗余力完成的爱意 (库布里克)。热爱我们所做,同谁做,以及为何而做的——爱的艺术。



L’art d’aimer l’art d’aimer

par Stéphane Delorme

Ce numéro a failli ne pas voir le jour, en raison du confinement décidé en réaction au coronavirus, mais nous avions annoncé un dernier numéro de l’actuelle rédaction, et nous voulions aller au bout du travail. Contre toutes les règles de travail de rédaction et de fabrication (iconographie, maquette), qui demandent d’être ensemble, le numéro a dû être réalisé en télétravail du 18 au 27 mars, et, au moment où ces lignes sont écrites, nous ne savons pas exactement comment il sera distribué. Ce numéro spécial, presque sans cahier critique puisque les films ont été reportés, est l’occasion de s’interroger sur notre geste et de parler de ce qui nous anime, la critique.

Nous le faisons naturellement depuis le lieu d’où nous parlons. S’il y a une spécificité Cahiers, c’est que «l’art d’aimer», qui pour Jean Douchet désigne la critique, a en réalité deux sens. La critique est l’art d’aimer parce que le cinéma est l’art d’aimer. Ily a une continuité entre les deux gestes. C’est la même chose. Et quand nous détestons c’est parce que nous aimerions aimer, c’est au nom des idées qu’on aime, des principes qu’on défend, de la cause qu’on épouse. Dans le texte bouleversant que François Truffaut écrivait dans Arts à la mort d’André Bazin à 40 ans en novembre 1958, il décrivait une forme de saint, un être bon et généreux croyant au pouvoir indestructible du dialogue: pour la teigne Truffaut, entré à 20ans aux Cahiers selon ce qui est devenu la magnifique tradition de la revue, le fondateur est comme le Saint François des Fioretti de Rossellini. On ne le dit jamais aussi crûment, mais c’est sur l’amour que les Cahiers ont germé. Le réalisme bazinien est un autre nom de l’amour. Filmer le réel parce qu’on l’aime. Filmer les acteurs parce qu’on les aime. Filmer les arbres, la mer, le vent, parce qu’on les aime. Le cinéma est un chant d’amour à la vie. C’est ça qu’apprennent les Cahiers. C’est en cela que la critique pensée ici ne ressemble pas à de nombreuses autres formes de critique, qui jugent si les films sont bien faits. C’est aussi pour cela qu’elle est virulente et impertinente: pour défendre et protéger ce qui est choyé. Quand on aime la vie, on va au cinéma, et aimer le cinéma, c’est le défendre. Contre les agressions de l’industrie, du marché; contre les clichés, les complaisances; contre tout ce qui abîme notre sensibilité. Godard, toujours: c’est parce qu’il aime et sait aimer qu’il est si dur. Comme le chante si joliment Philippe Katerine, «vous êtes dur parce que vous êtes sensible, vous êtes sensible parce que vous êtes dur». Tous les cinéastes défendus par les Cahiers savent aimer. L’argument fatal, c’est dire d’un cinéaste qu’il n’aime pas ses personnages, ses acteurs, qu’il ne sait pas aimer: qu’il veut juste se faire mousser, qu’il veut épater la galerie, qu’il joue au petit malin, ou pire, au salaud. Tous les cinéastes qui veulent humilier (ils ont été nombreux ces dernières années) sont OUT. Bazin l’avait dit une fois pour toutes: le cinéma est un art transitif, il n’a de sens que si on s’oublie pour filmer l’autre.

Le réalisme est paradoxalement le plus grand romantisme. C’est le grand pont opéré par Bazin. Le réalisme n’est pas le naturalisme des petits faits vrais, du fact-checking et des sales petits secrets. Le réalisme est le romantisme du cinéma. Les Cahiers, c’est la résurrection de l’Athenaeum des frères Schlegel fondé en 1798. C’est en 1951 l’affirmation que le cinéma est un art parce qu’il filme le réel et l’aime; et non parce qu’il essaie d’imiter les autres arts pour se faire pardonner d’enregistrer. Mais dans «art d’aimer», il y a «art»: c’est le geste qui compte, et la mission critique est de juger les gestes: comment on filme un corps? Comment on monte deux plans, une image et un son? Tout l’éventail du cinéma se déplie pour animer la vie, l’aimanter et l’aimer. Lynch s’extasie devant tout ce qu’il filme («c’est si beau, c’est si beau») et nous montre la vie telle qu’il la voit et telle que nous pouvons aussi la voir. Bien sûr, romantisme toujours, la charogne est belle. Et un bouquet de fleurs, et un herbier, et un ciel bleu ou ténébreux. La beauté, la beauté vive. Quelle est l’étendue du voir? Voit-on jusqu’aux étoiles? Créer la beauté par le cinéma, pas seulement la voir, parce que la beauté inspire et somme d’être à la hauteur (Renoir autant que Bresson). Il y a la beauté saisie au vol, le moment opportun, mais faites trop durer et ce sera cramé, enchaînez mal et ce sera gâché. Toutes les puissances du cinéma peuvent et doivent se déplier à partir de ce cœur qu’est l’amour. Ce sont des cercles successifs d’amour qui font qu’on aime un film. Le sentiment mis sur tout, l’attention à tout, à chaque détail, à la dialectique de l’ensemble, un tel amour du travail que certains en meurent à la tâche (Kubrick). L’art d’aimer ce qu’on fait et avec qui on le fait et pour qui on le fait.



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-FIN-


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