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隔离日记(六): 你有多久没触摸过别人的肌肤?

译者:Caro 法语人 2020-10-23


注:文章系法语人专稿。未经授权,谢绝转载。如需转载,请查看“法语人”公众号(ID:fayuren123)菜单栏的转载须知。


法语人按:2020年3月17日中午开始,法国在全境禁止外出集会、家庭、朋友聚会等一切活动。为了记录这一特殊的历史时期,获得过法国龚古尔文学奖的女作家蕾拉·斯利玛尼(Leïla Slimani)在《世界报》上开始连载《隔离日记》


第一篇:“孩子问我,地球是不是累了?
第二篇:大疫过后,能否诞生伟大的文学作品?
第三篇:监禁+隔离,疫情下的法国监狱是怎样的?
第四篇:恐慌蔓延、信仰崩塌,疫情之下如何“体面”生活?


第五篇:你认为的被迫“禁足”,其实是很多女性的生活日常


今天,为大家带来该系列的第六篇。



蕾拉·斯利玛尼


摩洛哥裔法籍作家、记者


代表作:《在食人魔花园》《温柔之歌》


2016年凭借小说《温柔之歌》获龚古尔文学奖


在这篇封城日记中,小说家斯利玛尼思考了人与人之间越来越远的距离,连触碰变得遥不可及。


Dans son journal du confinement, la romancière revient sur la distance qui s’est creusée entre les êtres, au point où les contacts ont pratiquement disparu.



Journal 6


2020/04/03


我们越来越少触碰他人的肌肤

L’épidémie de coronavirus vient accentuer une tendance : 

nous touchons de moins en moins la peau de l’autre 


肌肤是人体最重、分布最广的器官,共2平方米,与数十亿神经元连接。


被放在妈妈肚子上的新生儿的肌肤,在爱人的注视下沐浴阳光的肌肤,在轻抚下微微颤抖的肌肤。我们自幼便知触摸具有安慰的力量。当孩子们在夜里怕黑,怕怪物的时候,他们会拿起你的手,把它放在他们自己裸露在外的背上,放在自己颤抖的颈上。


我想起我的一位朋友。他一年前死于癌症。在过世前,他的痛苦只有长久而轻巧的按摩才能缓解。他当时瘦得惊人,身体所带给他的只剩下折磨与恶心。然而,他还是吐露过,在温柔的抚摸中,他感受到了一种短暂的平静。


一位护士跟我们解释,当我们被触摸时,身体会分泌被称为幸福荷尔蒙的血清素。握住他人的手,通过身体而非眼神与他人接触的存在体验对我们的内在平衡是至关重要的。


La peau. C’est l’organe le plus lourd et le plus étendu du corps humain. Deux mètres carrés de surface et des milliards de connexions neuronales. La peau nue du nourrisson que l’on pose sur le ventre de sa mère. La peau que l’on dévoile à la caresse du soleil, au regard de celui qu’on aime. La peau qui frissonne d’avoir été seulement frôlée, effleurée. Nous avons, dès l’enfance, l’intuition que réside dans le toucher un pouvoir palliatif. Lorsqu’ils ont peur, la nuit, des monstres et de l’obscurité, les enfants prennent vos mains qu’ils apposent sur eux, sur la peau nue de leur dos, sur leur nuque qui frissonne.


Je pense à cet ami, mort d’un cancer il y a exactement un an, et dont la douleur ne se calmait que lorsque nous lui faisions de longs et délicats massages. Il était d’une maigreur terrifiante, son corps ne lui inspirait que souffrance et dégoût mais il confessait qu’il trouvait, dans les gestes de tendresse, un éphémère apaisement. Une aide soignante nous avait expliqué que lorsque nous sommes touchés, nous secrétons de la sérotonine, autrement appelée hormone du bonheur. La préhension, l’expérience de notre propre existence physique à travers, non pas seulement le regard, mais la main de l’autre, est essentielle à notre équilibre.



今天,公共卫生危机迫使人与人之间保持距离。我们必须采取一些阻断病毒传播的行为,避免接触。但事实上,新冠病毒不过是加强了这一趋势。


所有研究都证明了这一点:我们越来越少地触碰他人的肌肤。仔细想来,我们一天之中抚摸最多的东西,显然是我们的手机屏幕。我们已经习惯于“无接触付款”。在面包店,我们也不再惊讶于把钱放进机器中,然后再从机器中拿回零钱。


笑容在机器面前并无用武之地。


Aujourd’hui, la crise sanitaire nous oblige à nous tenir à distance les uns des autres. Nous devons intégrer des gestes barrières et éviter de nous toucher. Mais l’épidémie de coronavirus ne vient en fait qu’accentuer une tendance. Toutes les études le prouvent : nous touchons de moins en moins la peau de l’autre. A bien y regarder, ce qu’on caresse le plus au cours d’une journée, c’est sans doute l’écran de notre téléphone portable. Nous avons pris l’habitude d’un paiement sans contact. 


A la boulangerie, nous ne sommes plus étonnés de glisser notre argent dans une machine qui nous rend la monnaie, mais pas notre sourire.



孤独就像一座冰山


即使在夜店里,我们也学会了一人独舞,目光空洞,仿佛并不需要任何事或任何人。狐步舞,这一需要双方相拥,依偎在对方的颈部的舞种早已老掉牙,过时了。


不知道为什么我常常想起1998年7月12号的夜里。法国刚刚赢得世界杯。那年我17岁,被住在巴黎东北郊庞坦市的阿姨带到巴黎庆祝胜利。大街上的陌生人给我们拥抱,人们在酒吧里相拥,勾肩搭背地跳起舞。我后来再也没有经历过类似的事。


有些身体如同一片废墟。有些皮肤就像被遗弃的大楼。我们看得到这些身体的存在。肉眼不会注意到任何特别的事,看不到裂缝与脆弱。然而,孤独就像一座冰山,总是比我们想象的更深。


埃玛纽埃尔·理查德在《节欲的身体》一书中谈到了那些没有或少有性欲的人。在这个到处宣扬性,对性的要求让每个人压力倍增的时代,小说家巧妙地揭开了节欲这一禁忌话题。因为节欲常常被打上失败、挫折、无可奈何的标签。


这是一本好书,内容关于温柔,关于内心渴望,关于昆德拉所描述的灵与肉的扭曲。


埃玛纽埃尔·理查德

1985年出生的法国小说家,24岁出版第一本小说《Selon Faustin》。2020年,她出版了《节欲的身体》(Les corps abstinents),并在书的封面上写道:“谨以此书和那些与我一样不再做爱的人谈谈。”


La solitude est comme un iceberg


Même dans les boîtes de nuit, nous avons appris à danser seul, en regardant dans le vide, en faisant semblant de n’avoir besoin de rien ni de personne. Les slows, où l’on se tenait enlacés, où l’on se perdait dans la nuque de l’autre, sont devenus ringards, dépassés. Je ne sais pas pourquoi, mais je pense souvent à la nuit du 12 juillet 1998. La France venait de gagner la finale de la Coupe du monde. J’avais 17 ans et ma tante, qui vivait à Pantin, nous a emmenés dans Paris pour fêter ça. Dans la rue, des inconnus nous prenaient dans leurs bras, on s’embrassait dans les bars, on se mettait à danser en se serrant la taille. Je n’avais jamais rien vécu de pareil.


Il y a des corps qui sont comme des ruines. Des peaux qui ressemblent à des bâtiments abandonnés. Ces corps existent, on les voit. A l’œil nu, on ne remarque rien de particulier, on n’en devine pas les fêlures, les fragilités. Mais la solitude est comme un iceberg, elle est toujours plus profonde qu’on ne le croit.


Dans Les Corps abstinents (Flammarion, 2020), Emmanuelle Richard donne la parole à ceux qui n’ont pas ou très peu de sexualité partagée. A une époque où le sexe s’affiche partout, où l’injonction à la performance pèse sur tous, la romancière lève, avec subtilité, le tabou de l’abstinence qu’on associe trop souvent à l’échec, à la frustration, à un état subi. En ressort un très beau livre sur la tendresse, sur les aspirations intimes, sur ce que Kundera a décrit dans toute son œuvre, à savoir la distorsion entre l’âme et le corps.


👆 埃玛纽埃尔·理查德

图片来源:Editions de l’Olivier


悲伤的巨浪


埃玛纽埃尔·理查德在前言中写道:“对我而言,这一无可奈何或主动选择的空虚,拥有无尽的变化(……)。我曾经历过各种连续的、间接的、多样的空虚状态,但只有一件事是恒定的:触摸的概念。这些不同状态的共同点就是对触摸的缺失的管理。这一特别的‘空’与节欲造成的‘空’毫无关系。”


她特别讲述了她在整骨医生那里的就诊经历。她躺在那里,任医生摆布,感到从心底冒上来一股悲伤的巨浪,一种无法压抑的痛苦。突然间,她意识到已经好多年没有被触摸过了,她的悲伤是一种身体不再识得温柔的悲伤。


Une vague immense de chagrin


Dans son introduction, Emmanuelle Richard écrit : « Dans mon cas ce vide alternativement subi ou choisi a connu un nombre infini de variantes (…). Je suis passée par des états successifs, intermédiaires et très variés mais une constante revenait toujours : la notion du toucher. Ce qui était commun à ces différents états était la gestion de cette absence-là. Ce creux très particulier ne partage rien avec le vide créé par l’abstinence. »



Elle raconte notamment une visite chez un ostéopathe. Alors qu’elle est allongée et que le praticien la manipule, elle sent monter en elle une vague immense de chagrin, une douleur qu’il lui est difficile de réprimer. Brutalement, elle prend conscience que cela fait des années qu’elle n’a pas été touchée et que cette tristesse est celle d’un corps qui ne connaît plus la tendresse.



在这一刻,我想到了我母亲的手。


我即将年满四十,但我还是喜欢坐在母亲的身边,把头靠在她的肩膀上,抚摸她的双手。把世界上所有的手放在一起,我也认得出她的手。我认得每一根指头的形状,每一个伤疤的起伏。我是看着那些小小的棕色斑点不断出现的。它们被叫做“坟墓之花”,是年龄的标志。也许在两星期后,或者一个月后,我就能把这双手握在我的胸口,与她相互安慰,排解我们的悲伤与孤独。


罗曼·加里写道:“温柔时的几秒钟走得格外慢。”我深深同意。


罗曼·加里

法国小说家,电影剧本作者,外交官,是唯一两次获得龚古尔文学奖的作家。1956年发表的长篇《天根》讲述了环保人士到非洲保护数量稀少的象群的故事,获得当年的龚古尔奖。1975年,他更换笔名,出版了《如此人生》,再次获得龚古尔文学奖。


A cet instant, je pense aux mains de ma mère. J’ai bientôt quarante ans et pourtant, j’aime à m’asseoir auprès d’elle, à poser ma tête sur son épaule, à caresser ses mains. Ces mains, je les reconnaîtrais entre toutes les mains du monde. Je connais la forme de chaque doigt, le relief d’une cicatrice, j’y ai vu éclore ces petites tâches brunes qu’on appelle « des fleurs de cimetière » et qui sont le signe de l’âge. Dans deux semaines, dans un mois, j’irai les serrer contre moi et nous nous consolerons de nos chagrins et de nos solitudes. Romain Gary écrivait que « la tendresse a des secondes qui battent plus lentement que les autres. » Vivement.




以上就是蕾拉·斯利玛尼的《隔离日记》第五篇,如果对译文有什么意见,欢迎指出~


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译者:Caro

审编:沐橙园、yolanda

图片:pixabay、Pexels

注:文章系法语人专稿。未经授权,谢绝转载。如需转载,请查看“法语人”公众号(ID:fayuren123)菜单栏的转载须知。



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